Trophées INPI : découvrez la présidente du jury 2023

Comme chaque année, dans le cadre de ses Trophées de l’innovation, l’INPI met sur le devant de la scène les entreprises françaises jeunes et moins jeunes qui placent l’innovation et la propriété industrielle (PI) au cœur de leur stratégie. Pour cette 25ème édition, l’Institut a fait appel à Géraldine GUERY-JACQUES, présidente de l’Association Française des Spécialistes en Propriété Industrielle de l'Industrie (ASPI) et directrice Propriété Industrielle chez SEB, qui a bien voulu nous faire l’honneur d’être la présidente du jury.
Géraldine GUERY-JACQUES
  • Pour ceux qui ne vous connaîtraient pas, pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?

 

Géraldine GUERY-JACQUES : Je suis une ingénieure passionnée par l’innovation, spécialiste en PI. J’exerce un métier qui mêle le scientifique avec le juridique, pour soutenir et encourager les stratégies d’innovation des entrepreneurs. J’aime être en contact avec les dernières tendances scientifiques et de marché, pour valoriser l’innovation de manière juste.

 

  • Pourquoi avoir accepté de présider le jury des Trophées de l’INPI 2023 ? Qu’est-ce que cela représente pour vous ?

 

G.G.-J. : Tout d’abord, en 2021 et 2022, j’avais déjà représenté l’ASPI au sein de jurys INPI très variés et complémentaires. Mais, j’étais surprise que l’INPI me propose de présider le jury : les années précédentes, cette fonction a été dévolue à des chefs d’entreprise. Les spécialistes PI comme moi exercent le plus souvent en tant que conseillers en innovation : ils restent dans l’ombre. C’est pourtant un métier qui mérite d’être mieux connu et d’attirer plus de talents. Cette présidence est donc un véritable honneur, que je ne pouvais pas refuser.

Ensuite, découvrir la palette des nominés, leurs actions et stratégies de propriété industrielle adaptées à leurs entreprises et à leurs objectifs, est captivant et nourrit mes propres réflexions professionnelles. À chaque entreprise correspond une stratégie PI et c’est un plaisir de voir comment les dirigeants se sont emparés de cet outil pour garantir au mieux les revenus de leurs innovations.

L’INPI est un acteur incontournable dans les processus d’innovation. Ses experts sont au service de toutes les entreprises, quelle que soient leur taille, leur secteur d’activité ou leur stade de développement. Je suis très fière de présider le jury des Trophées INPI 2023.

 

  • L’une de vos particularités est d’avoir travaillé pour l’INPI au tout début de votre carrière, en tant qu’examinatrice de brevets. Qu’avez-vous retiré de cette expérience ?

 

G.G-J. : J’ai débuté en tant qu’examinatrice de brevets et je garde de ce premier poste un très bon souvenir. Il m’a permis de rentrer dans la vie professionnelle avec des collègues dynamiques et dévoués à l’État.
J’ai participé à des débats auprès des instances internationales sur des projets de loi concernant la brevetabilité des logiciels ; J’ai eu l’occasion de me former au Centre d’Études Internationales de la Propriété Intellectuelle de Université de Strasbourg (CEIPI), sur les brevets, les marques et les modèles.
Après 4 ans, j’ai eu envie de créer un portefeuille brevets plutôt que de les examiner et j’ai profité de la mutation de mon conjoint pour entrer dans un département PI en industrie.

 

  • Votre formation et l’ensemble de votre cursus sont tournés vers la propriété industrielle. Que représente-t-elle pour vous ?

 

G.G-J. : La propriété industrielle, c’est le juste croisement entre les matières scientifiques et juridiques. Elle vise à soutenir l’innovation, à l’émuler.
Travailler en tant que spécialiste dans ce domaine, c’est aussi avoir l’opportunité de travailler au sein d’équipes pleines de créativités : mon ambition est de mettre en valeur ce que produisent ceux avec qui je collabore.

 

  • Comment votre vision de la propriété industrielle a-t-elle évolué au cours de vos années d’expérience ?

 

G.G-J. : Ma vision a beaucoup évolué et j’espère qu’elle continuera à la faire.

Après mes études d’ingénieur, j’ai entrepris un métier qui représentait un long chemin, semé de multiples examens de qualifications brevet, pour représenter mes clients devant l’INPI, l’OEB et l’OMPI. J’ai beaucoup appris dans ce cursus d’un point de vue académique.

Ensuite, en travaillant au sein d’équipes pluridisciplinaires, j’ai pris la mesure stratégique de ces outils. J’ai pris beaucoup de hauteur sur le « comment » et je me suis consacrée aux résultats à atteindre pour aligner une stratégie PI avec la stratégie générale de l’entreprise que je conseille. Pour exercer dans cette profession, il faut aimer apprendre, savoir écouter les autres, faire confiance à la fois à son intuition et à son sens du détail, et se remettre en cause régulièrement. C’est pour cela que les professionnels de la PI ne se lassent jamais de leur métier !

 

  • Selon vous, en quoi la propriété industrielle est-elle importante pour les PME et start-up ?

 

G.G.-J. : Elle est cruciale sur trois points de vue, dans l’ordre suivant :

- D’abord elle crée des titres de PI, des droits de propriété temporaires (20 ans maximum pour un brevet) qui entrent dans le patrimoine des PME et des start-up. Ils sont valorisés au travers des levées de fonds ou en permettant de prouver une activité innovante exclusive.

- Ensuite, grâce à une veille régulière, la PI permet de surveiller ce que les concurrents proposent et d’anticiper ainsi certaines actions.

- Enfin – même si cela est un peu moins prégnant chez une start-up que dans un groupe industriel – la PI des concurrents peut être importante à surveiller pour éviter de contrefaire un titre et subir en retour une procédure en contrefaçon.
L’INPI accompagne beaucoup les PME et start-up. Cet accompagnement est crucial, car il permet de les sensibiliser pour éviter les pièges et pour anticiper certaines actions.

 

  • Vous êtes présidente de l’ASPI, pouvez-vous nous expliquer ce qu’est cette association et nous parler de ses prochains projets ?

 

G.G-J. : L’Association française des Spécialistes en Propriété Industrielle en Industrie est une association loi 1901 qui rassemble plus de 500 professionnels travaillant dans l’industrie (grands groupes, TPE, PME, start-up…) ou au sein d’organismes et d’institutions de recherche. Elle est dirigée par un conseil de quinze bénévoles et organise de nombreuses conférences, webinaires (nos désormais mythiques cafés ASPI !) et prépare à la qualification PI.

Côté actualité, l’ASPI a trois grands projets en cours :
- Accompagner les professionnels dans la prise en main de la révolution historique juridique que représente l’arrivée, en juin 2023, du brevet unitaire et de la juridiction unifiée du brevet : la construction de ce que l’on peut considérer comme les États-Unis d’Europe pour les brevets nous prendra de nombreuses années !
- Faire découvrir la PI aux futurs entrepreneurs comme un outil stratégique et attirer des talents pour développer une profession encore trop limitée en France (nous sommes cinq fois moins qu’en Allemagne).
- Dans la droite ligne de notre mission de représentation de la profession devant les instances nationales et internationales, travailler à faire entrer dans le droit français le principe du « legal privilege » des juristes en entreprise qui vise la confidentialité des consultations rendues au profit des dirigeants.

 

  • Aujourd’hui, vous travaillez également pour un grand groupe spécialisé dans l’équipement domestique, SEB, en tant que vice-présidente chargée du Centre d’excellence de Propriété Industrielle. Pouvez-vous nous parler de cette structure ? Quelle stratégie d’innovation et de PI y impulsez-vous ?

 

G.G-J. : Le Centre d’excellence comporte une vingtaine de personnes basées essentiellement en France, mais aussi en Allemagne et en Chine. Leur rôle est de produire une veille sur les brevets valides de nos concurrents, de déposer des brevets, de les obtenir, puis de les défendre et de les faire valoir. La stratégie générale est de respecter les brevets valides de nos concurrents et de toujours breveter nos inventions pour éviter que le fruit de notre travail d’innovation ne soit copié par des contrefacteurs peu scrupuleux.

Pour la stratégie PI détaillée de chaque famille de produits, je ne vous en dirai pas plus, si ce n’est qu’aucune ne se ressemble car chacune (cocotte-minute®, robot cuisine, lisseurs à cheveux, etc.) est différente de par son marché, ses ambitions et ses concurrents. C’est toute la beauté du travail de l’équipe que de la personnaliser au mieux !