Gravipack : les bretelles qui allègent le poids sur les épaules et le dos

Finaliste des Trophées INPI dans la catégorie « start-up », Gravipack conçoit des sacs à dos permettant d’alléger de 92 % la charge sur les épaules. Grâce à sa technologie innovante de bretelles munies d’un exosquelette, la jeune entreprise parvient à faire « léviter » les sacs à dos au-dessus des épaules, transférant la charge au plus proche du centre de gravité du corps humain. Adoptés par les particuliers et les professionnels, Gravipack prévient ainsi les maux et problèmes de dos. Rencontre avec Mohammed Errafi, dirigeant.
Gravipack finaliste Trophées catégorie Start-up
  • Pour les personnes qui ne vous connaîtraient pas, pouvez-vous nous expliquer l’activité de votre entreprise ? Qui êtes-vous, que faites-vous ?

     

Mohammed Errafi : Gravipack est une invention unique au monde, permettant d’alléger la charge sur les épaules et le dos. L’histoire a commencé par un problème que j’ai personnellement rencontré et auquel j'ai apporté une solution : des douleurs aux épaules et au dos, dues au port quotidien d’un sac à dos d’outillage.

Parti du constat que les sacs à dos traditionnels avaient tendance à écraser les épaules, courber la posture et procurer de vives douleurs, j’ai mis à profit mes compétences de ferronnier d’art pour imaginer, développer et mettre au point, avec mes fonds propres, un portage technique et innovant : des inserts profilés et glissés dans les bretelles des sacs à dos qui optimisent la répartition de la charge sur le centre de gravité du corps humain. La charge est en « lévitation » au-dessus des épaules, mon sac à dos est devenu soudainement plus léger et confortable.

Ces bretelles révolutionnaires et ergonomiques permettent de transférer la charge des épaules sur les muscles des hypocondres et des flancs, ce qui n’existe pas ailleurs. Grâce à cette technologie d’une haute technicité, Gravipack aide à la correction de la posture et redresse le dos, le champ visuel est horizontal. Notre sac à dos réduit la fatigue physique, il est ainsi possible d’augmenter la charge du sac si besoin et de parcourir de plus longues distances.

Notre technologie peut s’appliquer à une multitude de domaines : randonnée, urbain, business, scolaire, armée, secourisme, médical, livraison, plongée, porte-bébé, audiovisuels, jardinerie.. Elle intéresse de nombreux groupes comme la SNCF, la RATP et même la NASA !

C’est en 2018, après sept années de R&D, plusieurs dépôts de brevets et une levée de fonds de 346 000 € en « Love Money » * – à laquelle a participé l’actionnaire Bacary Sagna, footballeur professionnel international - que la société Gravipack est née.


*des capitaux propres apportés à la création d’une entreprise par des proches, famille, amis etc.

 

  • Quelle est votre dernière innovation ? Ou l’innovation dont vous êtes le plus fier ?

     

M. E. : J’ai effectué de la R&D sur le portage du sac à dos durant sept années : ma plus grande fierté est d’avoir inventé ce dispositif contre le mal de dos, véritable outil de prévention de santé publique qui permet de soulager le dos de milliers d’utilisateurs : enfants, randonneurs, travailleurs.

Cette aventure entrepreneuriale m’a aussi permis de rencontrer des personnes également engagées contre les troubles musculo-squelettiques (TMS), qui ont souligné notre savoir-faire unique. C’est motivant de recevoir des messages d’adeptes et de professionnels conquis et impressionnés, et qui nous citent comme exemple de réussite.

 

  • Quels sont vos projets phares du moment ?

     

M. E. : Notre projet actuel se caractérise par la création de plusieurs prototypes de sac d’outillage pour les parcoureurs de voie de RATP Infrastructure ainsi que pour la SNCF. Nous produisons actuellement en France et au Portugal. En parallèle, nous lançons des collections intemporelles de sacs à dos « upcyclés »* avec des toiles de bateaux, des parachutes, des toiles de parapentes, du plastique des mers et des bâches de camion. Via ce business, nous souhaitons créer un atelier de production, de distribution et de service après-vente avec des personnes lourdement handicapées, qualifiés et de les former à notre métier d’art.

*L’upcycling ou « surcyclage » consiste à utiliser des objets et des matériaux destinés à être jetés pour les réintroduire dans la chaîne de consommation, après leur avoir redonné une utilisation différente, par rapport à celle qui était originellement la leur.

 

  • Quelle est votre stratégie d’innovation et de propriété industrielle ?

     

M. E. : En moins de deux ans, Gravipack a noué des partenariats avec des grands groupes nationaux tels que Bouygues, RATP, SNCF, In Extenso, Fnac, Décathlon, Au Vieux Campeur, Nature & Découvertes, mais aussi des acteurs internationaux tels que l’armée américaine, des clubs de sport et bientôt la NASA. Animés par le besoin d’aller toujours plus loin, nous continuons d’innover sur d’autres produits tel que le portage de débroussailleuse ou de tuyaux pour pompier. Nous poursuivons la recherche, développons de nouveaux exosquelettes et améliorons nos produits grâce aux retours constructifs de nos utilisateurs - « Les Gravipackers » - et des professionnels de santé. Nous aimerions montrer qu’ensemble, avec une graine, nous pouvons faire pousser une forêt car nous pourrions appliquer notre innovation sur plus de trente segments différents.

En 2016, j’ai pris contact avec des conseils en propriété intellectuelle et des avocats en droits des affaires pour savoir si l’invention que j’avais imaginé existait dans le monde. Après plusieurs mois de recherches d’antériorité et des comparaisons avec les grandes marques, c’est plein d’enthousiasme que nous avons constaté que rien d’identique ou de similaire n’existe dans le monde. Nous avons alors déposé un premier brevet. Plusieurs audits ont par ailleurs été réalisés, permettant de confirmer que les descriptions, les revendications et les dessins étaient difficilement contournables. Ce premier brevet et ceux que nous avons déposés ensuite nous assurent le monopole et l’utilisation exclusive du dispositif.

Forts de ces titres de propriété intellectuelle (PI), nous nous sommes rendus en 2017 au ministère des Armées pour faire tester pendant six mois nos inserts sur les sacs à dos des légionnaires. Après les essais de l’armée crédibilisant l’utilité de mon invention, nous avons participé au concours Lépine où nous avons remporté la médaille d’argent. Cette expérience nous a également permis de recevoir des conseils sur les protections à l’international, comblant le manque d’expérience que nous avions en interne. Ces expertises ont été bénéfiques, puisque nous avons ensuite déposé plusieurs brevets internationaux.

Le dépôt international de notre marque nous a quant à elle permis d’interdire à d’autres entreprises d’utiliser un terme similaire à « Gravipack » sur le marché. Avoir une marque forte, c’est aussi une garantie que nos produits seront correctement identifiés par les utilisateurs, sans risque de confusion avec un produit présentant un nom similaire.

Par ailleurs, nous avons mis à disposition des licences d’exploitation des brevets et de la marque, en contrepartie d’un versement de redevances mensuel. Les contrats obligent chaque licencié à une stricte confidentialité.

En somme, toutes nos innovations aboutissent à des dépôts de titres de propriété industrielle, ce qui est aussi un moyen de valoriser le travail de mon équipe.

Nous aimerions poursuivre notre stratégie de propriété intellectuelle par la mise en place des procédures de valorisation de la société. Nous souhaiterions enrichir nos travaux de recherche avec des embauches de doctorants, Gravipack est résolument tourné vers l'innovation : grandes écoles, universités de droit à la PI, de gestion et management, centres de recherche biomécanique, industriels, ergonomes, ergothérapeutes, scientifiques et chercheurs ont lancé des travaux sur le « cas » Gravipack. L’évaluation externe des clients participe aussi depuis deux ans à la mise en valeur de l’innovation et de la marque. Des licences se profilent sur de nouveaux marchés internationaux ouvrant de nouveaux champs d'étude et d’applications dans des domaines pointus.

 

  • Que représente pour vous cette nomination aux Trophées INPI ?

     

M. E. : La nomination de Gravipack aux Trophées INPI est une reconnaissance de notre capacité à innover, à répondre à un réel besoin sur le marché et à gérer nos actifs immatériels. Cette nomination célèbre la quête de l’excellence française, la qualité de nos développements, le travail d’équipe et démontre à nos investisseurs notre avance technologique. La nomination INPI conforte également notre choix de miser sur la R&D et l’innovation.
 

  • Vous avez bénéficié de plusieurs prestations proposées par l’INPI. Pouvez-vous nous en dire plus ? Et que vous ont-elles apporté ?

     

M. E. : L’accompagnement dont j’ai bénéficié par le personnel bienveillant de l’INPI m’a rassuré et conforté dans le souhait de poursuivre la R&D, de déposer des marques et des brevets sur plusieurs continents et de les renforcer dans plusieurs pays. Que m’a apporté cette stratégie de propriété industrielle ? Une assurance supplémentaire contre les pirates et contrefacteurs potentiels.

Chiffres clés * :
  • Date de création : 2018
  • Chiffre d’affaires : 230 K€, dont 200 K€ à l'export
  • Budget R&D : 380 K€
  • Budget propriété industrielle : 120 K€
     

Portefeuille de titres de propriété industrielle :

Brevets : 1 France, 9 internationaux et 3 en cours de dépôts

Marques : 2
 

 *déclaratif entreprise