Solex : une odyssée française
En 2016, le VéloSolex, cyclomoteur emblématique de la France d’après-guerre, fêtait ses soixante-dix ans. Des décennies pendant lesquelles la marque a connu le succès puis la faillite, deux rachats et des relocalisations. Aujourd’hui, sous l’impulsion du groupe français Easybike, elle renaît sous la forme de vélos à assistance électrique et retrouve une production sur le sol français. Rencontre avec son repreneur Grégory Trebaol.
À trente-six ans, Grégory Trebaol n’a pas connu le VéloSolex — conduit plutôt par ses parents adolescents —, mais il partage la tendresse collective des Français pour l’emblématique cyclomoteur des Trente Glorieuses. Sa première rencontre en personne avec la marque remonte à 2003. À l’époque, le jeune homme, soutenu par un pool d’investisseurs, désire se lancer sur le marché du vélo à assistance électrique (VAE). Il est à la recherche d’une marque pour lancer son projet et s’intéresse alors à Solex. « Grâce aux services de l’INPI, je me suis documenté et j’ai appris que la marque était la propriété du groupe italien Magneti-Marelli » explique-t-il. Il découvre alors l’histoire mouvementée de ce succès industriel hexagonal : entre 1946 — date de la première commercialisation du VéloSolex —, et 1988 — lorsque ferme la chaîne de production de Saint-Quentin —, près de 8 millions d’exemplaires du cyclomoteur ont sillonné les routes de France et d’Europe. Au plus fort de la production, au milieu des années 60, ce sont plus de 100 000 unités annuelles qui sont produites en France pour 1 500 ventes quotidiennes. Mais à la fin des années 80, la concurrence grandissante des mobylettes et l’avènement de la voiture individuelle sonnent le glas de la bicyclette à moteur. En 1988, le groupe italien Magneti-Marelli tente une relance en rachetant la marque et en cédant une licence d’exploitation au Hongrois Gathy Kiss qui reprend la fabrication en 1993, mais ce dernier fait rapidement faillite. Aussi, lorsque Grégory Trebaol rencontre au début des années 2000 les représentants de Magneti-Marelli, la marque Solex est bien à vendre. Cependant, c’est un autre projet que retient l’industriel italien qui préfère céder la marque au Groupe Cible qui lancera en 2009 son e-Solex — un Solex électrique dessiné par Sergio Pininfarina et produit en Chine. De son côté, Grégory Trebaol lance finalement Easybike en 2005, sa propre marque de vélo à assistance électrique qui montera en puissance avec les années. Ce qui l’amènera justement à recroiser la route de Solex...
Un ancrage industriel français
« Solex, une fois qu’on est tombé dans la marmite, on n’arrive plus à en sortir ! » s’amuse le fondateur et PDG d’Easybike. En effet, lorsque le Groupe Cible, qui produit le e-Solex, cherche un distributeur français, c’est vers Grégory Trebaol qu’il se tourne. Les discussions se concluent en 2011 et Easybike devient distributeur France puis Europe du e-Solex. En 2013, la PME française acquiert même une licence de fabrication. « De là, il n’y avait qu’un pas jusqu’au rachat de la marque. Une démarche qui coïncidait avec notre stratégie de concentration autour de marques aux identités fortes : Easybike, Matra et Solex. À notre sens, cette stratégie est la seule susceptible de nous permettre de peser face aux géants du VAE » précise Grégory Trebaol. Lorsque Easybike rachète enfin Solex, l'objectif est de rapatrier sa production dans l'hexagone sur une site commun aux trois marques : « C’est Solex qui a été le moteur de notre démarche de relocalisation. Il nous était impossible de concevoir cette marque sans un ancrage industriel en France. Or, notre stratégie de concentration sur nos trois marques nous imposait d’avoir un seul site de production autour de motorisations sensiblement communes » explique le jeune PDG. Rapidement, la communauté d’agglomération de Saint-Lô en Normandie se montre très intéressée par le projet et propose alors un partenariat public-privé pour soutenir la démarche. « Ce partenariat repose sur un portage financier. La communauté d’agglomération nous a accompagnés dans la recherche d’un terrain, la construction, et la maîtrise d’ouvrage jusqu’à la livraison du site. Nous rachetons ce site sous forme de crédit-bail. Cette solution nous permet d’amortir nos investissements industriels (5 millions d’euros), sur une période plus longue de vingt ans. Cela n’aurait pas été envisageable avec un prêt bancaire privé. » Le surcoût du made in France représente en moyenne 75 euros sur chaque vélo. « Nous essayons de l’absorber sur l’ensemble de la chaîne de valeur afin que le consommateur ne soit pas trop pénalisé. Cela signifie des marges un peu moins grandes pour le producteur et pour le revendeur, mais l’accessibilité du produit fait partie de l’ADN de Solex. »
« Solex, une fois qu’on est tombé dans la marmite, on n’arrive plus à en sortir ! » s’amuse le fondateur et PDG d’Easybike. En effet, lorsque le Groupe Cible, qui produit le e-Solex, cherche un distributeur français, c’est vers Grégory Trebaol qu’il se tourne. Les discussions se concluent en 2011 et Easybike devient distributeur France puis Europe du e-Solex. En 2013, la PME française acquiert même une licence de fabrication. « De là, il n’y avait qu’un pas jusqu’au rachat de la marque. Une démarche qui coïncidait avec notre stratégie de concentration autour de marques aux identités fortes : Easybike, Matra et Solex. À notre sens, cette stratégie est la seule susceptible de nous permettre de peser face aux géants du VAE » précise Grégory Trebaol. Lorsque Easybike rachète enfin Solex, l'objectif est de rapatrier sa production dans l'hexagone sur une site commun aux trois marques : « C’est Solex qui a été le moteur de notre démarche de relocalisation. Il nous était impossible de concevoir cette marque sans un ancrage industriel en France. Or, notre stratégie de concentration sur nos trois marques nous imposait d’avoir un seul site de production autour de motorisations sensiblement communes » explique le jeune PDG. Rapidement, la communauté d’agglomération de Saint-Lô en Normandie se montre très intéressée par le projet et propose alors un partenariat public-privé pour soutenir la démarche. « Ce partenariat repose sur un portage financier. La communauté d’agglomération nous a accompagnés dans la recherche d’un terrain, la construction, et la maîtrise d’ouvrage jusqu’à la livraison du site. Nous rachetons ce site sous forme de crédit-bail. Cette solution nous permet d’amortir nos investissements industriels (5 millions d’euros), sur une période plus longue de vingt ans. Cela n’aurait pas été envisageable avec un prêt bancaire privé. » Le surcoût du made in France représente en moyenne 75 euros sur chaque vélo. « Nous essayons de l’absorber sur l’ensemble de la chaîne de valeur afin que le consommateur ne soit pas trop pénalisé. Cela signifie des marges un peu moins grandes pour le producteur et pour le revendeur, mais l’accessibilité du produit fait partie de l’ADN de Solex. »
Puiser dans le passé les recettes du succès de demain
Les premiers chiffres rendent hommage au pari d’Easybike : 55 salariés, 50 unités produites par jour et un chiffre d’affaires en hausse constante qui pourrait atteindre 16 millions d’euros en 2017. Les vélos Solex représentent 15 % de la production globale, mais ils devraient peser autour de 60 % d’ici trois ans. « Du passé de Solex, nous avons hérité des valeurs : l’accessibilité, la praticité, la simplicité et la robustesse. À celles-ci nous avons ajouté une dimension supplémentaire, celle d’un design fort qui modélise une esthétique rétro. » Le modèle Solex City n’est effectivement pas sans rappeler la silhouette du premier Solex de 1946. Grégory Trebaol compte sur le prestige de la marque, en France comme en Europe, pour atteindre un public tenté par le vélo électrique. « Nous sommes actuellement présents au Benelux et en Allemagne où de nombreux VéloSolex ont circulé ; mais également en Italie. » Hors de question pour autant pour la PME normande de se reposer sur ses lauriers. « Le cycle de renouvellement d’un produit est beaucoup plus court qu’en 1960, en raison notamment de la vitesse des avancées technologiques. Le Solex de demain doit donc conserver les recettes d’hier comme sa polyvalence et sa dimension intergénérationnelle, tout en continuant d’innover sur le design et les technologies de pointe. » Ainsi, un modèle de Solex connecté devrait voir le jour à l’horizon 2018. De plus, la marque, qui espère bien renouveler la fabuleuse odyssée Solex en dehors de l’Europe, regarde désormais en direction du marché asiatique. La boucle est bouclée ?
Les premiers chiffres rendent hommage au pari d’Easybike : 55 salariés, 50 unités produites par jour et un chiffre d’affaires en hausse constante qui pourrait atteindre 16 millions d’euros en 2017. Les vélos Solex représentent 15 % de la production globale, mais ils devraient peser autour de 60 % d’ici trois ans. « Du passé de Solex, nous avons hérité des valeurs : l’accessibilité, la praticité, la simplicité et la robustesse. À celles-ci nous avons ajouté une dimension supplémentaire, celle d’un design fort qui modélise une esthétique rétro. » Le modèle Solex City n’est effectivement pas sans rappeler la silhouette du premier Solex de 1946. Grégory Trebaol compte sur le prestige de la marque, en France comme en Europe, pour atteindre un public tenté par le vélo électrique. « Nous sommes actuellement présents au Benelux et en Allemagne où de nombreux VéloSolex ont circulé ; mais également en Italie. » Hors de question pour autant pour la PME normande de se reposer sur ses lauriers. « Le cycle de renouvellement d’un produit est beaucoup plus court qu’en 1960, en raison notamment de la vitesse des avancées technologiques. Le Solex de demain doit donc conserver les recettes d’hier comme sa polyvalence et sa dimension intergénérationnelle, tout en continuant d’innover sur le design et les technologies de pointe. » Ainsi, un modèle de Solex connecté devrait voir le jour à l’horizon 2018. De plus, la marque, qui espère bien renouveler la fabuleuse odyssée Solex en dehors de l’Europe, regarde désormais en direction du marché asiatique. La boucle est bouclée ?