Champagne !

A l’occasion du réveillon du nouvel an, l’INPI vous invite à découvrir, à travers ses archives, l’histoire de l’un des symboles festifs de la France : le champagne ! Source de nombreuses innovations depuis le XVIIIe siècle, le champagne n’a pas fini de nous mettre en effervescence.
Brevet déposé le 1er septembre1866 par Auguste-Henri Tricout pour un appareil à démasquer les vins de Champagne, dit machine Tricout, à électriser, tourner et secouer
Brevet déposé le 1er septembre1866 par Auguste-Henri Tricout pour un appareil à démasquer les vins de Champagne, dit machine Tricout, à électriser, tourner et secouer
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Depuis 1791 le champagne génère de très nombreux dépôts de titres de propriété industrielle : brevets et marques jalonnent une histoire qui continue à s’écrire.

 

Des brevets à toutes les étapes

Les brevets, tout d’abord, apportent des réponses techniques aux problématiques liées à l’élaboration, la conservation ou encore au transport du champagne. Car le champagne nécessite de nombreuses opérations, minutieuses, précises, et caractéristiques, comme le « pointage », le « remuage » et le « démasquage ». Ce dernier, par exemple, consiste à éliminer les levures qui se déposent et forment une lie peu ragoutante au fond de la bouteille. Pour cela, on frappe le contenant à coups de marteau, une opération aussi appelée « l’électrisage ». On peut également pratiquer le « tapotage », une technique consistant à frapper vigoureusement la bouteille sur une barre de bois, le bord d’un pupitre ou celui d’une table.

A partir du milieu du 19e siècle, des machines ont progressivement remplacé l’homme pour ces tâches pénibles et répétitives, comme par exemple celle brevetée par Auguste-Henri Tricout, mécanicien orthopédiste à Reims, servant à « démasquer les vins de champagne et à électriser, tourner et secouer les bouteilles » (planche de brevet à découvrir dans le diaporama ci-dessus).

Trouver le contenant idéal a également donné matière à innover. L’origine du choix de la forme actuelle reste obscure, mais certains avancent que la piqure, c’est à dire la cavité conique formant le fond, aurait été choisie par les verriers eux-mêmes, afin de pouvoir emboîter les bouteilles sur un cône et ainsi les maintenir pendant le travail de finition faisant suite au soufflage. Quoi qu’il en soit, la bouteille de champagne doit avoir pour qualité première la solidité, afin de résister à une pression continue, et nombre de brevets ont été déposés pour la perfectionner dans ce sens. Ainsi, en 1847, Louis-Marie Canneaux, marchand de vins, brevète une « nouvelle bouteille propre à empêcher la casse ». 

La bouteille de champagne est par conséquent lourde, son poids étant la rançon de sa solidité. La champenoise, comme on l’appelle, est translucide et de couleur vert foncé, avec une forme qui lui est propre et des mensurations précises : un fût cylindrique de 88,4 mm ; la piqûre, profonde de 30 mm ; la partie supérieure du goulot, d’une largeur de 30 mm, où se trouve la bague, qui fournit un appui au système de fixation du bouchon. Ce bouchon, si caractéristique des vins mousseux, et dont le maintien a toujours posé des difficultés. En liège dès l’origine, il était retenu à l’aide de ficelles de chanvre ou de fil de fer jusqu’à ce qu’Adolphe Jacquesson, négociant en vins à Châlons-en-Champagne, dépose un brevet en 1844 consistant à intercaler une plaque entre le bouchon et le fil du lien. Cette plaque équilibre les forces et évite au liège, sous la pression, de venir s’incruster dans les fils de chanvre ou de fer et de provoquer des fuites de gaz ou de liquide. Ce dispositif, le « muselet », maintient désormais le bouchon dans la bouteille et contribue à son étanchéité jusqu’à l’ouverture. Il doit par ailleurs permettre au consommateur un débouchage en toute sécurité. Aujourd’hui, le muselet est composé de la ceinture en fil d’acier, du corps, ou cage, composé de quatre pattes et d’une tête en fil d’acier avec la plaque en fer blanc vernie, lithographiée ou estampée. Cette dernière porte généralement la marque de la Maison.

Maisons de marque

La Maison de champagne est l’entreprise agricole et/ou industrielle et commerciale qui contrôle les moyens matériels et humains nécessaires à l’élaboration et à la distribution d’une marque. Son talent réside dans l’élaboration de cuvées qui s'efforcent de refléter le style caractéristique de la marque par l’assemblage des cépages, des crus ou encore des années. L’INPI conserve précieusement toutes les marques déposées par ces Maisons qui sont à l’origine de la notoriété et du prestige des vins de champagne dans le monde.

Avec plus de 500 brevets d’invention délivrés dans ce domaine depuis 1791 et l’intégralité des marques enregistrées depuis 1857, l’INPI est une source incontournable pour l’histoire du champagne et des grandes Maisons qui font sa renommée. Ces archives, constituées de documents originaux uniques, contribuent à une meilleure connaissance de l’histoire de ce vin d’exception dont une partie, les « Coteaux, Maisons et Caves de Champagne », est inscrite sur la liste du  patrimoine mondial de l’UNESCO.

Bonne dégustation ! Mais attention, à consommer avec modération …