"Le génie humain", premier ouvrage dédié au fonds patrimonial de l'INPI

09/11/2023
Le livre "Le génie humain", écrit par l’historien Bruno FULIGNI et publié aux éditions Gründ, arrive dans nos librairies le 9 novembre 2023. À l’occasion de la sortie de ce premier ouvrage entièrement dédié au fonds patrimonial conservé par l'INPI, nous avons rencontré l’auteur et Pascal FAURE, le Directeur général de l’INPI, pour qu’ils nous parlent de l’ouvrage.
Pascal Faure, Directeur de l'INPI, et Bruno Fuligni, auteur de l'ouvrage

Comment est née votre collaboration ?

Bruno Fuligni : Sur une base amicale. Il y a trois ans, je terminais une biographie de Landru ; croisant Pascal Faure, qui m’expliqua la fonction de l’INPI, je lui demandai s’il pouvait y avoir des traces d’un brevet de motocyclette déposé par l’assassin en 1899. En un temps record, les archivistes de l’INPI me procurèrent le brevet complet, et ensuite retrouvèrent une marque de fabrique signée Landru. Je compris qu’il y avait dans les fonds de l’INPI un patrimoine riche, méconnu, avec des inédits à valoriser : de là l’idée d’un beau livre illustré, tel que j’en avais déjà publié sur les archives de la police ou des services de renseignement.

Pascal Faure : C’est exactement comme cela que le projet est né, à la suite de discussions et de rencontres autour des archives de l’INPI. En observant la curiosité, je dirais même la fascination de Bruno Fuligni pour ces documents, dont certains n’avaient pas été sortis depuis plusieurs décennies, j’ai vite compris qu’il possédait un talent exceptionnel pour valoriser ce fonds. L’idée d’un beau livre est rapidement devenue une évidence pour chacun d’entre nous. Je suis ravi de la voir se concrétiser aujourd’hui. Je remercie chaleureusement Bruno Fuligni pour son travail !

 

Qu’est-ce qui vous a donné respectivement envie d’écrire et de soutenir ce livre ? Que représente-t-il pour vous ?

B.F. : Pour moi un livre est toujours le résultat d’une exploration : j’ai eu la chance de découvrir un fantastique grenier où gisaient plus de deux siècles d’inventivité humaine, depuis la loi sur les brevets de 1791 jusqu’à la carte à puce. Je ne suis pas ingénieur, ni inventeur, beaucoup de considérations techniques m’échappent, mais en tant qu’historien, c’est un bonheur de pouvoir aller aux sources des grandes mutations qui ont transformé la société – et plus encore, d’accéder à des dossiers jusqu’alors inédits.

P.F. : l’INPI détient un fonds d’archives unique, tant dans son volume que dans son contenu. Les archives les plus anciennes datent de 1791, au moment de la création du brevet d’invention, comme l’a rappelé Bruno Fuligni. La valorisation de ce fonds fait partie de nos missions. Nous prêtons régulièrement des documents pour des expositions ou pour illustrer des livres. Mais jamais nos archives n’avaient fait l’objet d’un ouvrage dédié écrit par un historien. C’est donc sans aucune hésitation que j’ai accepté de soutenir ce projet. Au-delà de l’esthétique très réussie de l’ouvrage, je souhaite saluer le travail exceptionnel et documenté réalisé par Bruno Fuligni. Je suis certain que ce livre va connaître un beau succès auprès de toutes les générations tentées de découvrir le génie des inventeurs français.

 

Bruno Fuligni, en quelques mots, quel est le thème du livre Le génie humain ?

B.F. : J’ai conçu ce livre comme une mise en perspective de ce que j’ai appelé « les archives des inventeurs », à travers neuf grandes fonctions : marcher, rouler, voguer, plonger, voler, mais aussi combattre, paraître, festoyer, rêver… Les brevets ne sont donc pas de simples illustrations d’un propos préétabli : ce sont eux qui structurent le livre, construit à partir des découvertes que j’ai pu faire dans les fonds de l’INPI. De nombreuses citations donnent la parole aux inventeurs. Les dessins et croquis sont reproduits en pleines pages voire en doubles pages, car certains constituent aussi de vraies œuvres d’art. Bref, c’est un ouvrage humaniste qui met en avant les extraordinaires capacités de projection de l’esprit humain : l’intelligence artificielle sait copier et synthétiser l’existant, mais inventer, créer, reste le propre du génie humain.

Le Livre

Bruno Fuligni, vous êtes, notamment, régent du Collège de ’Pataphysique. Pouvez-vous nous en dire un peu plus ? Ce penchant pour la plus holistique des sciences n’aurait-il pas également joué dans la genèse de ce livre ?

B.F. : La Pataphysique est la science des solutions imaginaires, ce qui concorde avec l’esprit d’invention des déposants. De ce point de vue, ce sont les idées les plus chimériques et bizarres, qui m’intéressent tout particulièrement : les projets de moteur perpétuel, de zoos flottants, de scaphandres-baignoires… Toutefois, quand on prend la peine de lire le brevet de Clément Ader, on apprend qu’il a inventé l’avion après avoir observé enfant le vol des hannetons : même les brevets les plus sérieux, appelés à un grand avenir, comportent cette part de rêverie imaginative qui permet le saut technologique.

En outre, il n’est pas anodin que des écrivains comme Gérard de Nerval, Alphonse Allais, Charles Cros ou Boris Vian aient ressenti le besoin de déposer des brevets. Qu’il s’agisse d’une nouvelle machine à imprimer, de café soluble, de photographie couleur ou d’une mystérieuse « roue élastique », technique et poésie se rejoignent pour repousser les limites du possible.

 

Pascal Faure, concrètement, que contiennent les archives historiques de l’INPI ? Qu’est-ce qu’on y trouve ? A quoi servent-elles ?

P.F. : Ces archives, que l’INPI conserve précieusement, contiennent des documents manuscrits, imprimés, dactylographiés, mais aussi des dessins, lithographies gravures, peintures, photographies, échantillons…  Nous y trouvons les brevets d’invention depuis 1791, les marques de commerce et de fabrique depuis 1857 et les dessins et modèles industriels depuis 1910. Au total, nous conservons plusieurs millions de documents représentant tous les secteurs d’activité. Cela représente l’équivalent de 20 kilomètres d’archives historiques parmi 145 kilomètres linéaires conservés au total. C’est en quelque sorte la mémoire de l’innovation française !

 

S’agit-il réellement d’un lieu tenu secret comme l’évoque la quatrième de couverture du Génie humain ?

P.F. : Ce lieu est, en effet, totalement interdit au public, qu’il s’agisse de chercheurs ou de simples curieux. Le bâtiment est adapté à la conservation des trésors qu’il contient. Seuls certains collaborateurs de l’INPI sont autorisés à y entrer. Du fait de leur ancienneté, ces documents ou ces objets sont fragiles, sensibles à tout facteur externe comme la température, la lumière ou encore l’hygrométrie. Exceptionnellement, certaines archives peuvent être prêtées, à des musées notamment, sous réserve que leur exposition ne risque pas de les endommager. Il est possible d’en consulter une partie en ligne ou au siège de l’INPI, uniquement sur rendez-vous. Dans ce cas, nous sortons les archives du lieu où elles sont conservées. Je n’en dirai pas plus…

 

Bruno Fuligni, outre ceux qui sont mentionnés dans le livre et qu’on laissera aux lecteurs le soin de découvrir, quels autres documents particulièrement étonnants ou insolites avez-vous trouvés au cours de vos recherches ?

B.F. : Le livre porte essentiellement sur les brevets, mais j’ai vu qu’il y avait d’étranges marques de fabrique, à connotations politiques ou construites sur des calembours comme « l’Amer Hic » ou le « Pâté Tic » … J’ai découvert aussi que certains avaient tenté de déposer une préparation culinaire, une recette de cuisine : l’INPI est aussi un conservatoire de la gastronomie !

 

Comment se sont déroulées vos recherches ? Comment avez-vous collaboré avec l’INPI ?

B.F. : Les archives de l’INPI sont particulièrement bien tenues, avec une équipe très engagée dans leur valorisation. D’abord j’ai consulté de magnifiques planches originales, transportées pour l’occasion dans les locaux de Courbevoie. Puis, devant l’ampleur du fonds, nous avons travaillé par fichiers numériques. Je posais des questions, demandais des brevets ou catégories de brevets. Et les archivistes m’ont d’eux-mêmes signalé des textes et dessins particulièrement remarquables qu’ils avaient repérés, ainsi que l’ensemble des daguerréotypes et photographies anciennes disséminés dans les dossiers. Au total, la masse de documents collectés était considérable, il a fallu faire des choix, parfois difficiles !

 

Pascal Faure, quelles sont les inventions « récoltées » par Bruno Fuligni qui vous ont le plus surpris ou interpellé ?

P.F. : Ce qui m’a surtout impressionné, c’est l’habileté avec laquelle Bruno Fuligni a identifié et accordé tous ces documents. Il a su dénicher les bonnes illustrations parmi les centaines proposées par notre service en charge des archives historiques, et leur faire raconter le génie humain ! C’est le travail pointu d’un historien passionné.

 

Quel est le document le plus ancien que vous conservez ?

P.F. : Le document le plus ancien est le premier brevet d’invention délivré en 1791 à un certain Louis-François Ollivier, manufacturier de faïence à Paris. Ce brevet s’intitule « procédés de fabrication, de la terre noire anglaise, de la terre nommée bambou, des camées en porcelaine, des poêles imitant la porcelaine, de la terre blanche, de la terre imitant le bronze antique, des carreaux, etc. ». Il fait partie des 30 brevets délivrés pour l’année 1791, suivant des premières lois reconnaissant et garantissant la propriété des inventeurs sur leurs découvertes.

 

Bruno Fuligni, de tous les brevets que vous avez pu consulter, se dégage-t-il un sens, une direction commune prise par l’humanité ? À l’inverse, en fonction des époques, avez-vous pu noter des intérêts différents, voire divergents ?

B.F. : À première vue, ces brevets d’autrefois semblent très hétéroclites. Quoi de commun entre un casse-noix, un soulier Godillot, un aérostat en forme d’aigle ou un vélocipède électrique ? Dans tous les cas pourtant, ces objets disparates s’inscrivent dans une véritable dévotion au Progrès : au-delà des espérances de gain, tous les inventeurs ont le souci d’améliorer le sort de l’humanité, de faire gagner du temps ou de la peine à leurs contemporains, et attendent pour cela une certaine reconnaissance de l’État et de la société. Fiers de leurs inventions, comme des artistes sont fiers de leurs œuvres, ils ne voient pas toujours les applications guerrières ou les conséquences de l’exploitation industrielle de leurs inventions. Nous doutons davantage de la technique aujourd’hui, même si de nouvelles générations de brevets visent à préserver l’environnement.

 

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