Le béton précontraint (1928)
Eugène Freyssinet disait de lui-même qu’il était « né constructeur », et se sentait investi, en tant que tel, d’une grande responsabilité sociale. Construire pour la collectivité à moindre coût, rechercher l’optimum, tel était son leitmotiv, qui l’a sensibilisé très tôt aux atouts économiques du béton.
Dès 1903, lors de sa formation à l’École des Ponts et Chaussées, il a l’intuition du béton précontraint : alors que la composition hybride du béton armé – acier et béton – est source de fissures potentielles parce qu’elle résiste mal aux tractions, il imagine un procédé permettant d’utiliser le béton seul. Comment ? En comprimant le béton dès sa mise en œuvre, pour que ces compressions soient supérieures aux tractions qui se développeront ultérieurement. A partir de 1916, en tant que directeur technique de la Société Limousin et Compagnie, il utilise ses ouvrages comme modèles expérimentaux. Ses recherches aboutissent en 1926, lors de la construction du pont de Plougastel. En 1928, il dépose un brevet fondateur, suivi de plusieurs autres, et publie une première synthèse de ses travaux qui lui vaut une reconnaissance mondiale.
Il s’ensuit une longue carrière marquée par une série de chefs-d’œuvre révolutionnaires : ponts, viaducs, tunnels… Comparable aux inventions majeures de l’ingénierie comme l’arc porteur romain, la précontrainte a bouleversé l’art de construire du XXe siècle, faisant du béton l’un des premiers matériaux de construction.
Brevet n°680547 déposé le 2 octobre 1928