FEETME : une protection mixte entre brevets et secret

Créée en 2013, la start-up parisienne a développé des semelles connectées avec des capteurs de pression qui permettent d’analyser en direct la marche (ou la course) des patients, personnes âgées ou à terme sportifs qui les portent. La jeune FeetMe, qui vise une commercialisation internationale, est déjà à la tête de quatre brevets et d’une marque. Cette start-up présente sur notre stand à Viva Technology protège aussi son savoir-faire par le secret. Rencontre avec son cofondateur et PDG, Alexis Mathieu.

> Comment avez-vous construit et articulé votre politique de propriété intellectuelle sachant que vos semelles mixent des technologies électroniques et numériques ?

Alexis Mathieu : J’ai la chance d’avoir suivi un master en entrepreneuriat avec un cours en propriété intellectuelle. J’étais donc sensibilisé à son importance. Avant de lancer FeetMe, nous avons effectué une recherche d’antériorité pour connaître l’état de l’art dans le secteur. Et dès le départ, nous avons alloué un budget à la protection de notre produit. Étant donné la particularité de nos semelles, nous avons choisi de mixer les stratégies et outils : nos brevets protègent les caractéristiques techniques et fonctionnalités de notre produit tandis que certains éléments de notre savoir-faire sont gardés au secret. Nous avons aussi investi dans la marque. Enfin, pour assurer la confidentialité que j’évoquais, nous avons une politique contractuelle solide aussi bien avec nos sous-traitants, fabricants, ou distributeurs qu’avec nos salariés. Ces derniers sont par ailleurs très sensibilisés aux enjeux de propriété intellectuelle.

> Comment s’organise cette attention en interne aux enjeux de la propriété intellectuelle ?

— A.M. : Nous demandons à chacun de se manifester dès qu’une découverte pourrait faire l’objet d’une invention brevetable. Nous l’avons d’ailleurs formalisé contractuellement. Les salariés ont naturellement conscience que nous avons tous intérêt à ce que notre travail dans la société soit protégé afin qu’elle se développe. Comme nous sommes peu nombreux et que nous communiquons beaucoup, les idées et éventuelles inventions brevetables remontent facilement dans les conversations et réunions de travail.

> Vous avez étendu trois de vos brevets à l’international ; quelle stratégie avez-vous adoptée en la matière ?

A.M. : Nous avons opté pour une couverture internationale via un PCT (traité de coopération en matière de brevets, ndlr). Cela permet de gagner du temps pour affiner sa stratégie à l’export et éventuellement lever des fonds puisqu’on a 18 mois pour choisir dans quels pays ou zones on veut étendre son ou ses brevets. En l’occurrence, nous avons finalement opté pour l’instant pour l’Europe, les États-Unis et la Chine.

FeetMe a bénéficié d’un encadrement INPI

« L’INPI encourage et soutient les jeunes entreprises comme FeetMe qui ont compris l’intérêt de la propriété intellectuelle en la plaçant très tôt au cœur de leur stratégie. Au-delà du dépôt de titres, la start-up a su installer et partager en interne des pratiques complémentaires et essentielles, telles que la détection de créations brevetables ou la protection par le secret. Son exemple illustre parfaitement le principe selon lequel la taille de l’entreprise n’intervient pas dans la nécessité d’établir une stratégie de propriété intellectuelle, celle-ci ayant à disposition différents outils adaptés à son profil et à son stade de développement » souligne Virginie Afonso, chargée d’affaires PI, Ile-de-France à l’INPI.