Justine Perussel : « Se consacrer à 100% à un projet pour lui donner toutes les chances de réussite »

Justine Perussel, 36 ans, a co-fondé TEMO en décembre 2018. La start-up commercialise des moteurs électriques de bateau -fabriqués en France, portatifs et durables- dans 32 pays. Un succès salué au niveau national (lauréate Be A Boss 2022) mais aussi par les professionnels du nautisme (DAME Awards 2020, NINA Awards 2019). À l’occasion de la Journée mondiale de la propriété intellectuelle, dédiée cette année aux femmes, retour sur ce parcours exemplaire.
Justine Perussel : « Se consacrer à 100 % à un projet pour lui donner toutes les chances de réussite »

Pouvez-vous raconter la genèse de votre entreprise ?

TEMO est une marque de moteurs électriques de bateau, fabriqués en Pays de la Loire. Légère et pratique, notre gamme se destine aux embarcations de plaisance comme les annexes de bateau, les barques, les kayaks, les dériveurs et les petits voiliers. À date, nous avons vendu 3 500 moteurs dans 32 pays.

Qu’est-ce qui vous a donné envie d’entreprendre ?

Trois facteurs : l’idée, la personne derrière l’idée et la passion de laquelle a émergé cette idée. L’idée de développer un moteur innovant et inédit sur le marché est venue de mon ami et associé Alexandre Seux. Nous avons des caractères et compétences complémentaires et sommes tous deux plaisanciers. La confiance que j’avais en lui et en notre duo, dès le début du projet, a été déterminante. Après avoir vécu 10 ans en Allemagne, où j’ai travaillé dans la communication et le marketing pour l’industrie du digital et du vêtement notamment, TEMO arrivait au bon moment pour renouer avec mon pays d’origine et le monde du nautisme que j’affectionne particulièrement. Je me suis lancée sereinement dans cette aventure entrepreneuriale, pour rapidement devenir la première salariée à temps plein de TEMO et donner toutes les chances de réussite au projet.

Quels freins, en tant que femme ou pour une autre raison, avez-vous rencontrés ?

Nous sommes des motoristes, dans un secteur industriel, spécialistes du nautisme. Un environnement a priori très masculin. Pourtant, je n’ai pas ressenti de frein particulier en tant que femme. En tant que dirigeante, j’ai toujours eu un rapport respectueux avec les personnes qui m’entourent.

En tant qu’entrepreneure, néanmoins, le plus gros obstacle a été le Covid. De notre première levée de fonds aux événements prévus en mer pour le lancement de notre marque, en passant par nos premières livraisons et les tests des composants de nos moteurs : la crise sanitaire a tout chamboulé. Notre tandem est sorti grandi de ces écueils, pour encore mieux garder le cap !

Que représente pour vous la propriété intellectuelle ?

Un vaste sujet que j’ai découvert avec TEMO. La question de la protection de l’innovation et de la propriété intellectuelle (PI) dans son ensemble a été assez centrale pour nous. Nous nous sommes rapprochés de l’INPI pour déposer notre marque en France, en Europe et à l’étranger, mais aussi protéger nos brevets et notre design. La propriété industrielle est une partie importante de la valeur de notre entreprise.

Au sein de votre entreprise, quels leviers actionnez-vous pour réduire les inégalités entre les femmes et les hommes ?

Depuis un an, nous travaillons à structurer davantage notre démarche Responsabilité sociétale des entreprises. La question des inégalités femmes-hommes fait partie inhérente de la réflexion et de la direction que nous souhaitons donner à TEMO. Pour l’heure, nous sommes 100 % paritaires dans nos effectifs. Nous sommes également fiers de compter parmi nos partenaires, l’incubateur Axandus, via lequel une équipe majoritairement composée de femmes, très impliquées et expérimentées, assemblent nos moteurs. Elles font un travail remarquable, proche de l’orfèvrerie, qui tranche là-aussi avec l’image d’un univers en usine qu’on imagine souvent masculin.

Vous avez été lauréate Be A Boss 2022. Que pensez-vous de ce type d’initiatives pour valoriser l’entrepreneuriat féminin ?

J’ai été extrêmement heureuse que TEMO touche un public très large, et non plus de niche, au concours Be A Boss. Par ailleurs, je suis agréablement surprise d’être sollicitée par de nombreux groupes professionnels qui soutiennent les femmes dans leur projet entrepreneurial. Je pense notamment à l’accompagnement de Bouge ta Boite dans lequel j’ai pu intervenir à Nantes ou encore au Réseau Entreprendre, avec qui j’ai participé à une journée de sensibilisation auprès de collégiennes. Ces initiatives locales ou nationales favorisent les échanges de proximité et la solidarité féminine. Elles constituent un formidable moyen de prendre notre envol en tant que dirigeantes.

Quelle femme, célèbre ou non, vous a particulièrement inspirée ?

Au risque de paraître cliché, je pense à ma mère, dont le parcours est assez atypique. Elle a élevé quatre enfants avant de reprendre ses études à 40 ans. Elle a obtenu son diplôme et a dirigé elle aussi, une entreprise. J’admire sa force pour mener de front sa vie de femme, son rôle de mère et sa fonction de cheffe d’entreprise. Elle est toujours dans l’action et continue à me fasciner. J’espère devenir le même modèle pour mes filles.

TEMO en chiffres
  • Année de création : 2018
  • Effectifs : 15
  • Chiffre d’affaires : 1,8M€
  • Marque : 1
  • Brevets : 3
  • Dessins & modèles : 2