CASTALIE : Nominé Trophées 2015

Le vrai sujet ce n’est pas l’idée : c’est comment la dérouler
Thibault Lamarque, fondateur de CASTALIE

Thibault Lamarque, fondateur de Castalie, est sensibilisé au développement durable depuis longtemps : diplômé de Dauphine, il commence une carrière au sein de Véolia Environnement avant de prendre à 29 ans la direction financière d’Alter Eco, entreprise pionnière du commerce équitable.

Quant au déclic, il a lieu en 2010 alors qu’il déjeune dans un restaurant branché parisien : « 8 euros la bouteille d’eau pétillante, c’est une aberration ! » Le coût environnemental n’est pas moins salé : une bouteille d’eau consignée dans un restaurant est transportée sur 900 km en moyenne. Plus généralement, 6 milliards de litres d’eau en bouteille sont consommés chaque année en France sachant qu’elles sont à 80% en plastique et qu’à peine la moitié sera recyclée. Son idée prend forme : trouver un système qui permette de filtrer et gazéifier sur place l’eau du réseau.

Il lui faudra un peu plus d’un an pour sortir ses premières machines : « Le vrai sujet ce n’est pas l’idée, mais comment la dérouler. C’est plus difficile que d’être le premier ».

La première préoccupation de Thibault Lamarque est de développer une machine capable de produire de l’eau pétillante à haut débit. Il est aidé pour cela par un fabricant français de pompes à bière. Une fois ses premiers produits sur le marché, il réussit une levée de fonds de 400 000 € qui lui permet de rendre son projet plus ambitieux. Il y intègre de nouveaux éléments, dont le design qui n’était pas un sujet dans le premier business plan. Le Lieu du Design lui présente plusieurs agences, il aura un coup de cœur pour EliumStudio. Ses équipes vont alors dessiner pour Castalie des produits qui cassent les codes traditionnels des CHR (Cafés Hotels Restaurants) et de l’industrie. Thibault Lamarque intègre aussi des critères d’éco-conception : « on propose déjà un produit plus durable que la bouteille d’eau mais pourquoi s’arrêter là ? ». Une carte électronique intelligente vient compléter le dispositif. Elle permet par exemple de réduire la consommation énergétique ou de choisir la taille des bulles. Il acquiert également sous licence une technique de filtration pour un contrôle bactériologique optimum. Ces nouveaux développements réclameront encore un an et demi de mise au point.

Un investissement qui fait ses preuves plus vite qu’espéré : les nouvelles machines ne sont pas encore sorties que le groupe LVMH en commande 45 à la jeune entreprise. « C’est là que je comprends que le design m’ouvre un nouveau secteur : les bureaux » se remémore Thibault Lamarque. D’autres grandes entreprises comme Capgemini ou le groupe Bell suivront. Aujourd’hui, elles représentent 30% des ventes contre encore 70% pour les CHR. Les chefs des restaurants aussi sont sensibles aux trois caractéristiques des machines Castalie : écologie, économie et esthétique.

Enfin, question propriété intellectuelle, ce n’est pas à l’ancien consultant financier qu’on va apprendre la valeur de l’immatériel… : la jeune entreprise comptabilise déjà 2 licences de brevets, 9 marques et 5 dessins et modèles.

Rupture technologique et innovations d’usage

Pour le fondateur de Castalie, l’innovation n’est pas nécessairement synonyme de rupture technologique : « ça va de la prochaine molécule qui va guérir une maladie affreuse à la consommation collective comme le co-voiturage. Même si nos machines Castalie intègrent une dimension technologique, nous sommes plutôt dans une innovation d’usage. Avec nos machines pour affiner l’eau du robinet, on a remplacé quelque chose d’absurde ! Il ne s’agit pas de consommer moins, mais mieux » conclut l’écolo-entrepreneur.