La "Cartographie de l'écosystème quantique mondial", diffusée ce 17 décembre 2025 par l’Office européen des brevets (OEB) et de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), confirme les résultats publiés par l’INPI en novembre 2024 et montre que la France s’impose comme l’un des trois pays européens les plus dynamiques dans le dépôt de brevets liés aux technologies quantiques.
Les technologies quantiques ont le potentiel de transformer la façon dont nous calculons, communiquons et mesurons le monde qui nous entoure. Avec des applications allant de la défense à la santé, le marché mondial de ces technologies devrait atteindre environ 93 milliards d'euros d'ici à 2035.
Les résultats mis en avant dans la Cartographie de l'écosystème quantique mondial menée conjointement par l’OEB et l’OCDE rejoignent parfaitement ceux qui ont été publiés par l’INPI en novembre 2024.
L’analyse de l’INPI portait principalement sur l’informatique quantique, avec 11 000 familles internationales de brevets (IPF) recensées entre 2013 et 2022. De fait, ce segment est celui qui a enregistré la croissance la plus forte : son nombre d’IPF a été multiplié par près de 60 depuis 2005. Bien que les communications quantiques aient dominé jusqu’en 2022 en nombre d'IPF, l'informatique devrait devenir, à terme, le principal domaine de l'écosystème quantique en nombre d’IPF.
L’étude OEB-OCDE est cependant plus large que celle de l’INPI, puisqu’elle englobe les trois dimensions principales du domaine quantique : « informatique quantique », bien sûr, mais également « communication quantiques » et « détection quantique », soit 31 700 IPF publiées entre 2005 et 2024.
La France dans le trio de tête européen de l’innovation quantique
Entre 2005 et 2024, la France a généré 334 IPF, un volume qui la place derrière l’Allemagne et le Royaume-Uni.
Ces dépôts se concentrent principalement sur deux segments majeurs : les communications quantiques (140 IPF) et l’informatique quantique (139 IPF).
Un écosystème national dense, structuré
La dynamique française en matière de propriété intellectuelle repose sur un écosystème particulièrement dense.
L’étude recense 89 acteurs actifs – entreprises, start-up, institutions publiques et établissements universitaires – qui contribuent chacun à structurer une filière en pleine consolidation.
Un niveau élevé de spécialisation dans les technologies quantiques
Entre 2020 et 2024, la France représente 4 % des IPF mondiales, contre 3 % lors de la période précédente (2015–2019).
Son indice de spécialisation technologique (calculé en comparant la part de ses brevets dans les technologies quantiques à sa part dans l’ensemble de ses brevets au niveau mondial) s’améliore, passant de 0,9 à 1,3, signe d’un positionnement désormais supérieur à la moyenne mondiale.
34 % des acteurs recensés ont le quantique pour cœur de métier : une proportion nettement supérieure à celle observée aux États-Unis (20 %) et dans la plupart des pays européens.
Un engagement public déterminant dans la montée en puissance du secteur
L’étude met en évidence le rôle central de la puissance publique dans le développement de la filière quantique française.
Entre 2021 et 2024, l’État a assuré 20 % des investissements dans les entreprises dont le quantique constitue le cœur de métier et consacre plus de 2 % de la R&D publique au secteur.
Cet effort s’inscrit dans la continuité de la Stratégie nationale quantique, lancée en 2021 pour renforcer les capacités françaises en technologies, infrastructures et compétences.