Vis ma vie d’ingénieure brevets

Rencontre avec Elisabeth Thivend, ingénieure brevets au sein du pôle « Thermique », à la Direction de la propriété industrielle.

Comment devient-on ingénieure brevets ? Peux-tu nous raconter ton parcours ?

Elisabeth Thivend : Après le lycée, je suis entrée en Prépa intégrée à l’ECAM Strasbourg-Europe, une école d’ingénieur généraliste. Très rapidement, j’ai su que je voulais travailler dans le secteur de l’innovation, j’ai donc orienté la fin de mon cursus dans ce sens : je me suis spécialisée en « Innovation et propriété industrielle » lors de ma dernière année d’étude et j’ai réalisé un stage dans ce même secteur. Après mes études, j’ai travaillé dans une entreprise spécialisée dans l’aéronautique comme chargée de propriété industrielle. Mon rôle consistait à faire de la veille technologique et des recherches d’antériorité et de brevetabilité sur des produits aéronautiques très variés. Cette expérience, bien que courte, m’a permis de toucher du doigt le monde des brevets et m’a convaincue de poursuivre dans cette direction.

Je suis arrivée à l’INPI en septembre 2016, comme ingénieure brevets au pôle Thermique.


Comment s’est passée ton intégration à l’INPI ?

E.T : Tous les ingénieurs brevets qui arrivent à l’INPI, qu’ils aient ou non une expérience dans le domaine de la propriété industrielle, suivent une formation soutenue sur les brevets, dispensée en interne par des ingénieurs brevets expérimentés. Plusieurs journées y sont consacrées, réparties sur six mois, ce qui permet de ne pas être submergé et d’apprendre progressivement. La formation aborde les différentes étapes d’étude de dossiers - 1er examen, délivrance puis rapport de recherche préliminaire (RRP2) qui constitue la plus grosse partie - et se pratique directement sur l’outil informatique dédié. L’INPI fait évoluer ses formations en permanence et je crois que c’est maintenant un peu différent pour les nouveaux ingénieurs, qui bénéficient notamment de MOOC. Dans tous les cas, l’objectif est de nous accompagner dans notre montée en compétences et de nous rendre complétement opérationnels en environ six mois.


Quelles sont tes missions au sein du pôle thermique du département des brevets ? Ont-elles évolué depuis ton arrivée ?

E.T : Dès mon arrivée à l’INPI, j’ai été chargée d’étudier des dossiers à différents stades de la procédure : 1er examen, rapport de recherche préliminaire, délivrance. Aujourd’hui mes missions d’examinatrice brevets restent les mêmes, à savoir l’étude des demandes de brevets aux différents stades de la procédure, mais de nouvelles sont venues s’y greffer.

Je participe depuis quelques années à des salons comme le Salon des Entrepreneurs et Viva Technology. Ma mission consiste alors à répondre aux questions des visiteurs concernant la procédure de dépôt de brevet

Un an après mon arrivée, je suis également devenue jurée du concours « Innovez », un concours organisé par le magazine Sciences et Vie Junior dont l’INPI est partenaire. Chaque mois, le jury se réunit et nous sélectionnons la meilleure invention parmi toutes celles que les lecteurs du magazine nous proposent. C’est une façon pour l’INPI de sensibiliser les jeunes inventeurs à la propriété intellectuelle, et je suis ravie de participer à cette mission.

En avril 2018, j’ai participé au projet de lancement du nouveau logiciel de dépôt et de suivi de brevet. J’ai ensuite formé et assisté des utilisateurs externes (cabinets, entreprises, grands comptes)  à ce nouvel outil.


A quoi ressemble une journée de travail type ?

E.T : Lors d’une journée de travail type, je commence par traiter les demandes de 1er examen qui ne doivent pas prendre de retard dans la procédure, et qui doivent donc être traitées rapidement pour ensuite faire l’objet de recherches d’art antérieur. Le respect des délais est extrêmement important dans les procédures d’examen, c’est donc un point de vigilance permanent pour nous. Je poursuis ensuite par les demandes de délivrance. A ce stade, le déposant a répondu au rapport de recherche préliminaire, soit en présentant des observations, soit en modifiant les revendications : mon rôle consiste à vérifier la validité de ces réponses. Je suis également amenée à traiter les réponses des déposants à des notifications émises sur leur demande de brevet, pour faire avancer leur dossier. Dans ce cadre, je peux téléphoner aux déposants afin d’échanger sur des points techniques qui semblent manquer de clarté.

Au cours d’une journée type, il est également courant  d’échanger avec d’autres collègues sur certains points techniques ou de procédures, afin de me conforter dans certaines décisions, de participer à des réunions d’équipe pour assurer une harmonisation et une qualité de notre examen ou de participer à des points projets qui contribuent à la vie de l’Institut.

Durant ma pause déjeuner, je profite des installations mises à notre disposition par l’INPI pour faire du sport avec des collègues. Nous avons dans les locaux une salle de sport où des cours sont proposés et nous avons également accès à des gymnases à proximité pour faire du sport collectif.


Qu’est-ce qui te plait le plus dans ton métier ?

E.T : Nous découvrons en avant-première les innovations de notre secteur. C’est une vraie chance qui motive tous les jours à aller travailler. Les demandes de brevets, même dans un même secteur, ne se ressemblent par ailleurs jamais, ce qui permet de constamment apprendre et découvrir de nouvelles choses et de ne jamais s’ennuyer.

Etre ingénieur brevets à l’INPI c’est aussi être de « l’autre côté de la barrière » par rapport au travail d’un ingénieur brevets en entreprises ou en cabinet de propriété industrielle, ce que je trouve particulièrement intéressant et enrichissant.

Enfin, nos missions se multiplient et se diversifient avec le temps, ce qui permet d’associer travail individuel et travail d’équipe, et de renforcer certaines de nos compétences aussi bien techniques que relationnelles.


Quelles sont, d’après toi, les qualités qu’il faut pour ce poste ? 

E.T : Le poste d’ingénieur brevets demande de savoir jongler entre les différentes demandes de brevets et à différents moments. Les qualités requises, outre les qualités techniques, sont donc d’après moi la rigueur et l’organisation. Il faut savoir gérer son temps et ses priorités pour ne pas laisser un dossier en attente.


A quoi ressemblent l’ambiance et la vie à l’INPI ? Sur ton temps de travail et en dehors. Et quelles sont les relations au sein de l’équipe et avec ton manager ?

E.T : L’ambiance à l’INPI est très détendue. L’entente entre collaborateurs est excellente. Des espaces au sein des locaux nous permettent de nous retrouver pour discuter, faire une pause.  Nous nous retrouvons également en dehors de l’INPI, lors d’afterwork et de soirées organisées par l’ASCPI (Association Sportive et Culturelle de la Propriété Industrielle).

Nous avons des réunions mensuelles au sein de notre équipe, qui permettent d’échanger.  Des projets nous amènent par ailleurs à collaborer avec d’autres personnes de l’équipe, ce qui resserre les liens et crée de la solidarité.

Mon manager est également très présent et disponible, ce qui me permet d’avancer rapidement sur certains points.

Mise à jour le 15 avril 2022

Le 1er juin 2021, Elisabeth Thivend a rejoint le pôle « Industrie mécanique » et pris de nouvelles responsabilités, devenant référente opposition brevet.

Qu’est-ce la procédure d’opposition ?

Depuis l’entrée en vigueur de la loi Pacte le 1er avril 2020, un tiers peut initier une procédure d’opposition devant l’INPI à l’encontre d’un brevet français (possible uniquement pour les brevets délivrés par l’INPI à partir du 1er avril 2020), dans un délai de 9 mois après la délivrance du brevet visé. L’opposition permet de demander la révocation totale ou partielle d’un brevet et peut aboutir, si l'opposition est bien fondée, à la révocation totale ou partielle du brevet ou bien à son maintien sous une forme modifiée.

En quoi consiste tes nouvelles missions ?

Lorsqu’une demande opposition est adressée à l’INPI, celle-ci est affectée à l’un des référents du département brevet, en fonction de son domaine d’expertise technique. Le référent ne peut néanmoins pas se voir attribuer une opposition relative à un brevet qu’il a traité lors de la procédure d’examen.
Le référent est alors responsable de l’ensemble de la procédure d’opposition et préside une commission d’opposition. Constituée de trois ingénieurs brevets de l’INPI (lui compris), cette commission est en charge d’instruire les documents fournis par l’opposant (visant à révoquer le brevet) et le titulaire (visant à défendre le brevet) et dirige les débats entre les parties (opposant et titulaire) en cas de procédure orale.
En ce qui me concerne je traite les demandes d’opposition dans le secteur de l’industrie mécanique, et dans des secteurs proches, comme le génie civil et la thermique.

Avoir bénéficié d’une mobilité interne vers un nouveau pôle d’examen me permet de traiter de nouveaux dossiers et de découvrir des techniques que je ne connaissais pas. Grâce à mon évolution en tant que référente opposition, je mets par ailleurs en applications mes connaissances académiques acquises depuis mon arrivée à l’INPI et acquiers de nouvelles compétences au niveau juridique. C’est un vrai challenge, absolument passionnant !