Interview
Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
Bogdan Rosinski : Vermon conçoit et fabrique des sondes ultrasonores pour échographes. Fondée il y a plus de 40 ans au sein d’une équipe pionnière de la Faculté de Médecine de Tours, l’entreprise réalise aujourd’hui 95 % de son chiffre d’affaires à l’export, aussi bien auprès de grands groupes mondiaux de l’imagerie médicale que de start-ups et de laboratoires de recherche.
L’innovation est au cœur de notre développement (plus de 12 % de croissance annuelle) : 70 ingénieurs et docteurs composent notre service R&D, et nous misons fortement sur la recherche partenariale.
Nous développons, par exemple, de nouveaux produits et procédés inspirés de la microélectronique au sein du Centre d’Études et de Recherches Technologiques en Microélectronique de Tours (CERTeM), aux côtés du groupe STMicroelectronics et des Universités de Tours et d’Orléans.
Quant à moi, j’ai rejoint Vermon il y a dix ans et je suis responsable de la protection de la propriété intellectuelle depuis 2017.
Qu’est-ce qui rend votre entreprise innovante ? À quels besoins concrets vos solutions répondent-elles ?
B.R. : Nos sondes intègrent un système de balayage électronique ou des matrices de transducteurs ultrasonores, ce qui représente une avancée majeure dans le domaine de l’imagerie médicale. Il y a encore quelques années, lors des échographies de grossesse, on distinguait à peine les contours du foetus ; aujourd’hui, nos solutions permettent d’obtenir des images 3D en temps réel.
Nous travaillons désormais sur des capteurs intégrés à des implants, des cathéters ou des patchs, ouvrant la voie à la chirurgie robotisée, au suivi en continu de paramètres physiologiques et à la médecine personnalisée.
Pour répondre à ces besoins, nous développons des transducteurs miniaturisés, intégrons l’électronique de pilotage et mettons au point des procédés de fabrication à grande échelle.
Votre prise en compte de la propriété industrielle a-t-elle été naturelle ? Quel rôle a joué l’INPI ?
B.R. : Notre culture collaborative nous a très tôt conduits à protéger nos innovations. Depuis six ans, nous avons renforcé notre stratégie de propriété industrielle : nomination d’un responsable en interne, alignement avec notre feuille de route technologique et dépôt de cinq à dix demandes de brevets prioritaires par an (contre moins d’un auparavant).
Notre savoir-faire consiste à transformer nos innovations en produits industriels répondant aux exigences de nos clients.
Dans cette démarche, l’accompagnement de l’INPI a été déterminant : grâce à la Master Class PI et au coaching d’experts, nous avons confirmé la pertinence de notre stratégie de propriété industrielle et identifié des leviers concrets pour la consolider.
Vermon SA, c’est aussi une société que son fondateur, Aimé Flesch, a su transmettre à ses enfants. Vous qui y travaillez, pouvez-vous nous parler de ce que cela implique en termes de stratégie de propriété industrielle ?
B.R. : L’aventure entrepreneuriale est avant tout un défi humain.
Cette dimension familiale est donc un véritable atout : elle porte des valeurs fortes qui donnent du sens à notre travail et nous aident à relever les défis quotidiens. Elle nous garantit aussi une indépendance précieuse, qui nous offre la liberté de déployer une vision ambitieuse à long terme.
Tous ces éléments réunis constituent une base solide pour mener une stratégie de propriété industrielle efficace.
Il y a deux ans, dans un entretien publié dans La Tribune, Vermon SA a indiqué vouloir doubler la surface de son site, à Tours, et embaucher 80 collaborateurs « à l’horizon 2025. » Avez-vous pu finaliser ce projet ? Qu’est-ce que cela a changé, notamment en termes de propriété industrielle ?
B.R. : Ce projet – soutenu par le plan France 2030 – est toujours d’actualité.
Initialement, nous envisagions d’agrandir notre site actuel, mais les contraintes techniques étaient trop importantes. Nous avons donc sélectionné un nouveau site offrant plus de possibilités d’évolution à long terme.
Cela nous a également permis de repenser l’agencement des espaces pour davantage sécuriser l’accès à nos savoir-faire.
Nous bénéficierons bientôt d’un outil industriel performant et c’est un projet enthousiasmant ! Même si notre déménagement est décalé, nous avons déjà optimisé nos locaux existants, ce qui nous a permis d’accueillir une cinquantaine de nouveaux collaborateurs.
Quels seront les prochains projets menés par votre entreprise ?
B.R. : L’échographie connaît un essor majeur en Asie, notamment en Chine et en Inde, et nous souhaitons accompagner cette croissance. Par ailleurs, la demande de technologies de pointe en Amérique du Nord stimule notre innovation.
Dans les deux cas, une stratégie solide de propriété industrielle est indispensable pour soutenir notre croissance à l’international.
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Données clés (2024)* :
- Année de création : 1984
- Chiffre d’affaires : 70 500 000 €
- Budget R&D : 9 000 000 €
- Budget propriété industrielle : 295 000 €
- Principaux pays d’exportation : États-Unis, Chine, Corée, Japon
*déclaratif entreprise
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Portefeuille de titres de propriété industrielle (2025)* :
- Nombre de brevets en vigueur détenus par l’entreprise : 41
- Nombre de marques : 2
*déclaratif entreprise
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