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Interview

Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?

Nikos Paragios : Fondée en 2017 et spin-off de CentraleSupelec, TheraPanacea est une société spécialisée dans le développement de logiciels basés sur l’intelligence artificielle (IA) pour l'optimisation des traitements en radiothérapie.

En partenariat avec des centres hospitaliers internationaux de premier plan, nous développons des solutions qui rapprochent la science de la pratique clinique, diffusent les meilleures pratiques et promeuvent une médecine de précision.

Nous regroupons environ 75 chercheurs, ingénieurs, cliniciens et data scientists. Nos travaux associent informatique, mathématiques appliquées, physique médicale et IA pour améliorer la prise en charge du cancer. Je suis moi-même professeur de classe exceptionnelle en mathématiques appliquées à CentraleSupélec (Université Paris-Saclay).

Qu’est-ce qui rend votre entreprise innovante ? À quels besoins concrets vos solutions répondent-elles ?

N.P. : Nos solutions reposent sur des algorithmes d’IA et de traitement de données médicales qui permettent une planification de radiothérapie plus rapide, reproductible et personnalisée.

La préparation des traitements exige aujourd’hui plusieurs heures de travail manuel et une expertise rare. Nos technologies automatisent ces étapes, tout en maintenant une précision submillimétrique garantissant une meilleure irradiation tumorale et une protection accrue des tissus sains.

Nous réduisons la variabilité inter-praticiens, améliorons la précision thérapeutique et favorisons l’essor d’une véritable médecine de précision en radio-oncologie.

Votre prise en compte de la propriété industrielle a-t-elle été naturelle ? Quel rôle a joué l’INPI ?

N.P. : Dès l’origine, nous avons exploité des brevets académiques (licence de CentraleSupélec) et considéré la propriété industrielle comme un axe stratégique.

En santé numérique, la valeur repose sur la robustesse scientifique, mais aussi sur la protection des innovations. L’INPI nous a accompagnés dans l’orientation de notre stratégie de dépôt, la structuration de notre portefeuille et l’optimisation de sa valorisation.

Cette démarche a permis de sécuriser nos technologies d’IA, d’assurer leur exploitation clinique et de renforcer notre crédibilité scientifique et industrielle, notamment dans le cadre de collaborations internationales.

Aujourd’hui, 55 % de votre chiffre d'affaires est réalisé dans 25 pays, et vous envisagez de poursuivre votre développement international plus particulièrement au Japon et au Brésil. Comment choisissez-vous vos marchés et quelle stratégie menez-vous pour vous y implanter ? Quel rôle tient la propriété industrielle dans cet aspect plus particulier de votre développement ?

N.P. : Nous ciblons les pays où les besoins médicaux sont élevés et où l’IA peut pallier le manque de ressources humaines spécialisées.

Le Japon associe expertise médicale de haut niveau et volonté de modernisation. Le Brésil, en forte croissance, souffre d’une pénurie de personnel qualifié malgré des investissements importants en infrastructures.

Notre stratégie repose sur des partenariats scientifiques et une adaptation réglementaire locale. La propriété industrielle est clé : elle protège nos algorithmes, sécurise le transfert de savoir-faire et facilite l’adoption de nos solutions dans ces écosystèmes.

Quel est le plus gros défi auquel vous ayez dû faire face au cours de votre aventure entrepreneuriale ?

N.P. : Le plus grand défi a été de transformer des résultats académiques en solutions médicales validées et utilisables au quotidien.

Cela a nécessité une réorientation vers le produit, tout en respectant des exigences strictes : conformité réglementaire, validation multicentrique[1] et adoption clinique. Convaincre le monde médical de changer ses pratiques demande du temps, de la rigueur et des preuves scientifiques solides.

Cette expérience nous a appris à conjuguer excellence scientifique – en mathématiques appliquées et IA –, pragmatisme entrepreneurial et compréhension fine des besoins cliniques.

Quels seront les prochains projets menés par votre entreprise ?

N.P. : Nous étendrons nos solutions à d’autres étapes du parcours oncologique : diagnostic par imagerie, caractérisation des tumeurs et suivi dans le temps. L’objectif est de développer des outils d’aide à la décision pour ajuster les traitements en temps réel et favoriser une médecine de précision centrée sur le patient.

Nous développons aussi une offre pour les laboratoires pharmaceutiques, afin d’optimiser la sélection des patients[2] et d’accélérer l’efficacité des essais cliniques.

D’ici 2030, nous visons une présence dans 1 000 hôpitaux, dont la moitié des 50 centres mondiaux les plus prestigieux en oncologie.
 


[1] Il s’agit de la validation d’un essai clinique qui se déroule en même temps dans plusieurs hôpitaux ou cliniques.

[2] Un essai clinique est toujours réalisé sur un échantillon de personnes sélectionnées au sein d'une population plus large.

Titre
Données clés (2024)* :

Contenu
  • Année de création : 2017
  • Chiffre d’affaires :  7 000 000 €
  • Budget R&D :  6 000 000 €
  • Budget propriété industrielle : 100 000 €
  • Principaux pays d’exportation : Allemagne, Autriche, Suisse, États-Unis

*déclaratif entreprise

Titre
Portefeuille de titres de propriété industrielle (2025)* :

Contenu
  • Nombre de brevets en vigueur détenus par l’entreprise : 8
  • Nombre de marques : 5

*déclaratif entreprise

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