Une rangée d’appareils auditifs contour d’oreille Sounduct. Il existe cinq couleurs différentes : noir, blanc, bleu clair, beige et une autre nuance de bleu clair. Sur le côté droit, on peut lire "SOUNDUCT" en grand, suivi de "FINALISTE".

Interview

Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?

Olivier Gauthier : Sounduct est une medtech française spécialisée en audiologie dont j’assure la présidence. Créée en 2021, l’entreprise développe et produit des appareils auditifs qui utilisent le phénomène de la conduction osseuse et peuvent se substituer à des prothèses classiques ou des implants invasifs et coûteux. L’idée de sa création nous est venue en réponse à des cas familiaux de surdités en échec d’appareillage.

Lauréate France 2030 de l’appel à projet « Industrialisation et Capacité santé 2030 », Sounduct déploie actuellement sa première ligne de production pilote à Strasbourg, où nous étions déjà implantés.

Notre équipe, à taille humaine, est axée vers la R&D : chercheur, ingénieur mécatronique, ingénieur en procédés industriels, ingénieure en qualité et affaires réglementaires, développeurs software, designer… Notre organisation alimente une soif d’innovation et de réalisation partagée par chacun d’entre nous.

Qu’est-ce qui rend votre entreprise innovante ? À quels besoins concrets vos solutions répondent-elles ?

O.G. : Nos appareils auditifs Ossiclear répondent à l’un des besoins les plus essentiels de l’homme : entendre.

La perte d’audition est, aujourd’hui, l’un des principaux handicaps invisibles dans le monde. Elle concerne près de 430 millions de personnes et pourtant 83 % d’entre elles ne sont pas équipées.

Parmi les principales raisons évoquées figurent l’inconfort des solutions actuelles, qui ne restaurent pas une audition normale et leur inefficacité face au bruit ambiant. Après tout, leur procédé consiste traditionnellement à amplifier le son dans une oreille dysfonctionnelle : n’est-ce pas contradictoire ?

Notre innovation propose une approche différente : nous faisons entendre sans passer par l’oreille, en utilisant le phénomène de la conduction osseuse, c’est-à-dire la propagation du son jusqu'à l'oreille interne via les os du crâne, ce qu’on appelle l’ostéophonie. Elle permet notamment de répondre à certaines surdités sans solution aujourd’hui.

Votre prise en compte de la propriété industrielle a-t-elle été naturelle ? Quel rôle a joué l’INPI ?

O.G. : Nous avons été sensibilisés aux enjeux vitaux de la propriété industrielle dès la création de Sounduct lors de sa sélection au sein de l’incubateur SEMIA.

Innover nécessite de coûteux investissements : des années de R&D, des salaires d’ingénieurs, des prototypages, des essais, etc. Un projet deeptech ne peut donc être viable sur le long terme que si cette innovation est valorisée décemment, et donc bien protégée et défendue.

Dans ce contexte, l’INPI a joué un rôle crucial en étant un accélérateur d’acculturation puis d’action pour Sounduct.

Nous avons bénéficié de plusieurs Pass PI pour suivre des Master Class PI et des formations avec des experts, d’une cartographie des brevets dans notre domaine, d’une recherche d’antériorité de marque, de la rédaction de brevets avec un cabinet spécialisé, etc.

Quel est le plus gros défi auquel vous ayez dû faire face au cours de votre aventure entrepreneuriale ?

O.G. : Le plus grand défi était de rendre notre projet légitime, car il n’est pas issu d’un centre de recherche académique ni même du secteur de l’audiologie.

Il a fallu constituer, dans la durée, une équipe expérimentée capable de relever le défi d’une innovation de rupture, apprendre en profondeur les codes du secteur du dispositif médical (dont la réglementation et les normes), rassembler un comité scientifique en s’entourant de professeurs en otorhinolaryngologie (ORL) et d’audioprothésistes, et bâtir la preuve scientifique (essais formatifs, évaluations sommatives, étude clinique, création d’un système de management de la qualité).

Nous avons transformé notre « handicap » en force, et cela grâce à un regard d’ingénieurs sans a priori, combiné à une culture d’essai-erreur et à l’obsession du retour patient.

Résultat : un dialogue structurant et prospectif avec les professionnels de santé et les patients !

Vous venez de terminer une levée de fonds de 3 millions d’euros. Quelles sont vos priorités en termes d’investissement pour développer Sounduct ?

O.G. : Ce tour de table s’inscrit dans un schéma pluriannuel de financement. Il était primordial afin d’atteindre les derniers jalons avant notre mise sur le marché. En effet, il va nous permettre plusieurs actions majeures : réaliser les tests de vérification et de validation de notre dispositif médical, lancer une première ligne de production pilote, recruter une équipe de production et constituer le dossier réglementaire en vue de l’autorisation de mise sur le marché, que nous visons au premier semestre 2026.

Une série A[1] est prévue d’ici le début d’année prochaine afin d’accélérer notre croissance.
 


[1] La série A est une levée de fonds réalisée par une entreprise qui a déjà validé son concept. Elle permet de financer sa croissance (recrutement, développement, expansion…) grâce à l’investissement de fonds de capital-risque en échange de parts dans l’entreprise.

Titre
Données clés (2024)* :

Contenu
  • Année de création : 2021
  • Budget R&D :  530 000 €
  • Budget propriété industrielle : 71 500 €
  • Principaux pays d’exportation : USA

*déclaratif entreprise

Titre
Portefeuille de titres de propriété industrielle (2025)* :

Contenu
  • Nombre de brevets en vigueur détenus par l’entreprise : 3
  • Nombre de marques : 3
  • Nombre de dessins et modèles : 2

*déclaratif entreprise

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