Au premier plan, une main tient un dispositif microfluidique. Sur le côté droit, on peut lire "NETRI" en grand, suivi de "FINALISTE".

Interview

Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?

Thibault Honegger : NETRI est une société basée à Lyon. Nous développons la suite Neurons-as-a-Sensor (NaaS), une plateforme mondiale d’organes-sur-puce, couplée à de l’intelligence artificielle, standardisée.

Il s’agit de technologies microfluidiques compartimentées[1] qui permettent de reproduire l’innervation de n’importe quel organe du corps humain dans un environnement contrôlé en utilisant les circuits neuronaux comme capteurs d’un effet biologique humain.

Notre mission : exploiter le pouvoir de ces neurones pour prédire l’efficacité et la sécurité de traitements, notamment contre la douleur et les effets secondaires des thérapies oncologiques.

Diplômé de Centrale Nantes et docteur en biotechnologies (Grenoble), j’ai poursuivi un postdoctorat au Massachusetts Institute of Technology (MIT) où j’ai posé les bases technologiques de NETRI.

Chercheur au CNRS, auteur de plus de 40 publications et détenteur de 12 brevets, j’ai obtenu une bourse du Conseil européen de la Recherche qui m’a permis de cofonder NETRI en 2018, avec mon associé Florian Larramendy.

Aujourd’hui, notre équipe est composée de trente talents dont quinze docteurs.

Qu’est-ce qui rend votre entreprise innovante ? À quels besoins concrets vos solutions répondent-elles ?

T.H. : NETRI innove en utilisant des neurones humains comme capteurs naturels de l’état physiopathologique des organes.

Nos plateformes d’organes-sur-puce sont fabriquées en silicone (polydiméthylsiloxane) qui permet la culture de cellules, et couplées à des feuilles d’électrodes (comparables à des microprocesseurs), qui permettent d’enregistrer l’activité électriques des réseaux neuronaux. Elles sont donc capables de reproduire et d’enregistrer les réseaux neuronaux afin de les comparer aux signatures digitales de réponses à des composés.

Notre suite NaaS cible des besoins concrets : évaluer la douleur, prédire l’efficacité et la toxicité d’un traitement, accélérer le développement d’un médicament, réduire les échecs cliniques et l’expérimentation animale.

Cette technologie est déjà utilisée par l’industrie pharmaceutique et bénéficie du soutien d’instances réglementaires telles que la Food and Drug Administration (FDA) aux États-Unis ou l’Agence européenne des médicaments (AEM).

Votre prise en compte de la propriété industrielle a-t-elle été naturelle ? Quel rôle a joué l’INPI ?

T.H. : La propriété industrielle est au cœur de notre stratégie de développement. Dès la création de NETRI, avec deux licences prises au CNRS, nous avons protégé nos nouvelles innovations afin d’assurer leur valorisation et leur crédibilité auprès des partenaires industriels et des investisseurs. Aujourd’hui, nous détenons 16 familles de brevets couvrant nos dispositifs, méthodes et bibliothèques digitales.

L’INPI joue un rôle clé en nous accompagnant dans le dépôt, la structuration et la valorisation de notre portefeuille de titres de propriété industrielle. Il contribue ainsi à renforcer notre position de pionnier dans les technologies d’organes-sur-puce.

Votre entreprise s’est récemment engagée dans un partenariat avec l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses). Que pouvez-vous nous dire sur le sujet ? Quel sont les apports de ce type de partenariat pour NETRI ?

Nous avons signé un partenariat stratégique avec l’Anses pour développer de nouvelles méthodes d’évaluation de la neurotoxicité des pesticides, sans recours aux tests animaux.

Ce projet associe notre expertise technologique en organes-sur-puce et neuro-ingénierie à la connaissance scientifique de l’Anses.

Il permettra de générer des données humaines robustes, facilement accessibles, interopérables et réutilisables (FAIR), ainsi qu’exploitables par l’IA afin d’améliorer les modèles prédictifs de toxicité. Ce type de partenariat public-privé renforce la pertinence scientifique de nos solutions et participe à l’accélération de leur adoption.

Quel est le plus gros défi auquel vous ayez dû faire face au cours de votre aventure entrepreneuriale ?

T.H. : Le plus grand défi a été de transformer une innovation de rupture née en laboratoire en une entreprise industrielle crédible, capable de convaincre à la fois les chercheurs, les industriels et les régulateurs. Cela a nécessité de composer une équipe pluridisciplinaire, de sécuriser un portefeuille de brevets solide et de lever des financements, tout en gardant un avantage technologique sur nos concurrents.

Surmonter ce défi a exigé persévérance et vision, mais il nous a permis de positionner NETRI comme pionnier mondial avec sa suite NaaS. La mise en place de notre modèle économique fondé sur un format de licence a été un enjeu déterminant pour répondre aux besoins du marché.

Quels seront les prochains projets menés par votre entreprise ?

T.H. : Nos prochains projets visent à finaliser l’industrialisation de nos plateformes afin d’augmenter nos capacités de production et de répondre à une demande industrielle croissante.

En parallèle, nous poursuivons l’élargissement de nos partenariats pharmaceutiques et réglementaires pour accélérer l’adoption de notre technologie.

L’objectif est clair : atteindre la rentabilité dès 2026 et consolider NETRI comme un acteur de référence mondial des technologies appliquées à la santé humaine.
 


[1] Un dispositif microfluidique est un petit outil, souvent de la taille d’une carte de crédit, qui permet de faire circuler et manipuler de très petites quantités de liquides (quelques gouttes seulement) à l’intérieur de minuscules canaux, plus fins qu’un cheveu. Ces "laboratoires miniatures" servent à reproduire des conditions proches de celles du corps humain, à analyser des échantillons biologiques (comme du sang ou de la salive), ou encore à tester l’effet de médicaments. Leur avantage est d’être rapides, précis et peu coûteux en matériaux.

Titre
Données clés (2024)* :

Contenu
  • Année de création : 2018
  • Principaux pays d’exportation : Europe, Amérique du Nord et Asie

*déclaratif entreprise

Titre
Portefeuille de titres de propriété industrielle (2025)* :

Contenu
  • Nombre de brevets en vigueur détenus par l’entreprise : 16
  • Nombre de marques : 7

*déclaratif entreprise

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