Lattice Medical : faciliter la reconstruction des tissus

Interview

Pouvez-vous vous présenter en quelques mots (vous, votre entreprise, votre équipe, vos associés…) ?

Julien Payen : Lattice Medical est une société créée en 2017 pour porter « MATTISSE », une innovation développée avec deux médecins et un chirurgien plasticien du CHU de Lille. Il s’agit d’un nouvel implant mammaire imprimé en 3D, résorbable, qui a pour objectif de régénérer le tissu autologue[1] adipeux des patientes qui ont subi une mastectomie.

C’est pour porter cette innovation que nous avons créé Lattice Medical. Aujourd’hui, l’entreprise comprend 25 collaborateurs et développe plusieurs produits en complément.

En tant que président et cofondateur, avant cela, j’ai surtout travaillé pour l’industrie de la santé ; d’abord pour de grands groupes dans le domaine du masque respiratoire, puis comme consultant dans l’innovation et le financement.

Qu’est-ce qui rend votre entreprise innovante selon vous ? À quels besoins concrets vos solutions répondent-elles ?

J.P. : MATTISSE – notre produit phare – se pose en un geste qui se veut simplifié par rapport aux techniques autologues actuelles. Il vise à reconstituer le tissu graisseux d’une patiente en se résorbant progressivement.

À terme, la patiente retrouve un volume naturel, grâce à ses propres tissus et sans la présence d’un corps étranger. C’est principalement cela qui rend notre entreprise innovante.

Nous avons également développé notre catalogue de produits et notre portefeuille de brevets, notamment en étendant le concept de MATTISSE à l’hypoderme avec RODIN. Il s’agit, là aussi, d’un implant imprimé en 3D qui a pour ambition de réparer le tissu graisseux de la peau lésé, par exemple, à la suite du retrait chirurgical d’une tumeur.

Votre prise en compte de la propriété industrielle a-t-elle été naturelle ? Quel rôle a joué l’INPI ?

J.P. : L’INPI accompagne nos équipes de recherche et développement dans la sensibilisation et la formation à la propriété industrielle.

Cela nous permet d’anticiper très en amont tout dépôt possible de brevet, d’éviter de publier prématurément nos travaux de recherches, et d’acquérir une méthodologie pour protéger nos innovations.

Après 10 ans d’aventures entrepreneuriales et 6 ans de recherches, vous avez débuté les essais cliniques de votre solution Matisse en janvier 2024, sur 50 patientes volontaires, entrant ainsi dans la phase la plus concrète de ce projet. En matière d’innovation médicale, les temps sont longs. Comment votre stratégie de propriété industrielle s’adapte-t-elle à ces contraintes ?

J.P. : Les délais de développement des innovations médicales sont en effet très longs. Pour y répondre, nous cherchons toujours à étendre nos brevets existants, afin de conserver des droits actifs sur nos solutions.

En parallèle, nous enrichissons notre portefeuille de titre avec de nouveaux dépôts grâce à de nouvelles innovations.

Quel est le plus gros défi auquel vous ayez dû faire face au cours de votre aventure entrepreneuriale ?

J.P. : Nous avançons toujours sur une corde raide : il nous faut jongler entre les développements techniques et industriels, les enjeux cliniques et réglementaires, mais aussi financiers ; car les coûts sont importants.

Pour autant, le plus gros défi à ce jour a été de débuter les essais cliniques de notre produit MATTISSE. C’était une première, à la fois pour nous et pour ce type de technologie, avec un enjeu majeur pour les patientes.

Quels seront les prochains projets menés par votre entreprise ?

J.P. : Tout d’abord, nous poursuivons le développement de notre deuxième produit, RODIN, qui est actuellement en phase préclinique.

En parallèle, nous progressons sur notre projet industriel : M3DINPRINT. Il vise à développer un outil de production innovant, une ferme d’impression 3D en salle blanche capable de fabriquer sur de grands volumes les dispositifs de Lattice Medical.