Interview
Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
Christophe Milon : Eco Compteur est une PME fondée en 2000. Son objectif est de mesurer le trafic piéton et cycliste dans les secteurs du transport et du tourisme.
Aujourd’hui avec une équipe de plus de 200 personnes nous intervenons dans plus de 50 pays.
Nous permettons, à plus de 5 000 villes et collectivités – dont une majorité de grandes villes américaines – d’acquérir les données clés pour développer des politiques cyclables et piétonnes de façon solide et sereine.
Actuellement près de 80 % de nos collaborateurs sont actionnaires du groupe.
Qu’est-ce qui rend votre entreprise innovante ? À quels besoins concrets vos solutions répondent-elles ?
C.M. : Nous avons été pionniers dans le domaine des compteurs de personnes, extérieurs et autonomes en énergie. Notre premier brevet a été déposé en 2006.
Aujourd’hui, l’innovation chez Eco Compteur trouve sa source dans le croisement des travaux de deux de nos équipes : celle qui définit les produits à partir des besoins clients et des idées issues des conférences internationales, et celle qui remonte les avancées technologiques disponibles (la recherche et développement).
Nous répondons à un problème en fait assez simple. Comme nous aimons dire chez Eco Compteur : « ce qui n’est pas compté n’existe pas. » Or les modes de déplacement doux ont le besoin crucial d’être mieux pris en compte, à tous les niveaux, dans les politiques publiques. Nous offrons donc aux professionnels chargés de gérer les infrastructures de transports actifs et les espaces naturels ouverts au public des solutions tout en un : capteur/transmission/logiciel/traitement des données.
Votre prise en compte de la propriété industrielle a-t-elle été naturelle ? Quel rôle a joué l’INPI ?
C.M. : La propriété industrielle est vitale dès le démarrage. Dans le cadre d’une petite entreprise innovante comme la nôtre à ses débuts, les brevets constituent le meilleur moyen pour préserver l’avantage des efforts d’innovation.
C’est toujours vrai lorsque l’entreprise grandit, mais de nouvelles armes apparaissent, comme la fidélisation clients. Dès lors, avoir des marques fortes à l’international est indispensable.
L’INPI est toujours facilitateur de ces démarches, que ce soit pour comprendre, former ou bien sûr nous accompagner dans les démarches administratives.
Il nous permet également de nous former : nos ingénieurs ont suivi une Master Class PI en 2020, et une autre de nos salariés – en charge de l’administration et de l’animation de la propriété industrielle au niveau du groupe – a bénéficié de la formation INPI « Les bases de la propriété industrielle. » Une deuxième Master Class PI est d’ores et déjà prévue d’ici fin 2025.
Quel est le plus gros défi auquel vous ayez dû faire face au cours de votre aventure entrepreneuriale ?
C.M. : En partant d’une société que j’ai créée seul pour arriver aujourd’hui à 220 salariés, je dirais qu’il y a, tous les 5 ans, une nouvelle étape à franchir, liée au changement de taille.
Conserver le même état d’esprit alors que l’entreprise change de dimension est un enjeu majeur et permanent. C’est tout l’art de la gestion des ressources humaines.
Eco Compteur a racheté, il y a peu, son distributeur historique au Royaume-Uni, Traffic Technology Ltd. Pouvez-vous nous expliquer pourquoi ? Cela a-t-il des implications en termes de propriété industrielle ?
C.M. : Nous avons constaté que nous étions plus performants dans les pays où nous opérons la distribution en direct. Pourtant notre développement a été assuré initialement par une quarantaine de distributeurs indépendants. Par conséquent, lorsque l’un d’entre eux est vendeur nous lui proposons de le racheter pour redynamiser son marché.
En matière de propriété industrielle, si ce distributeur est renommé sur son marché, nous devons gérer la dualité entre le nom de son entreprise et celui de notre propre marque Eco Compteur sur le territoire (celle-ci est souvent traduite « Eco Counter » en anglais).
Cela implique une phase transitoire et avoir en tête la situation finale à laquelle nous voulons arriver : une seule marque ou deux maintenues dans la durée, et savoir pourquoi.
Quels seront les prochains projets menés par votre entreprise ?
C.M. : Nous avons défini notre identité : fournir de la donnée fiable aux gestionnaires de mobilité douce et de tourisme.
Les technologies évoluent dans notre métier. Nous avons ainsi développé une nouvelle solution intitulée Visitor Flow (marque déposée en 2024).
Elle comprend des informations issues des smartphones de certains utilisateurs qui acceptent de partager leurs données de mobilité. Nous les agrégeons à celles de nos compteurs physiques, puis cet ensemble de données est corrigé grâce à l’IA et à un contrôle humain.
Notre prochain enjeu est de développer cette solution à l’échelle mondiale et auprès d’un grand nombre de clients : c’est le fameux passage à l’échelle industrielle.
Ce sont des sujets d’ampleur pour une entreprise qui, historiquement, s’est illustrée comme un fabriquant de hardware autonome et étanche.
Titre
Données clés (2024)* :
- Année de création : 2004
- Chiffre d’affaires : 21 677 000 €
- Budget propriété industrielle : 99 176 €
- Principaux pays d’exportation : Canada, États-Unis, Norvège, Suède, Allemagne, Nouvelle-Zélande, Royaume Uni, Australie
*déclaratif entreprise
Titre
Portefeuille de titres de propriété industrielle (2025)* :
- Nombre de brevets en vigueur détenus par l’entreprise : 9
- Nombre de marques : 36
- Nombre de dessins et modèles : 4
*déclaratif entreprise
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