« LES COMTES DE PROVENCE » : le fruit d’un succès

En 30 ans, AGRO’NOVAE s’est hissée au rang d’acteur majeur de la transformation du fruit en France, sans pour autant renier ses origines artisanales. Avec sa marque leader « Les Comtes de Provence », la manufacture des Alpes de Haute-Provence mise sur trois ingrédients : des produits traditionnels, une qualité supérieure à destination de la grande distribution — en France comme à l’étranger —, et l’innovation. Une recette gagnante : son chiffre d’affaires 2017 va avoisiner 10 millions d’euros et l’entreprise, qui a démarré avec trois personnes, compte à présent une quarantaine de salariés.

À l’origine, en 1986, on trouve la reprise d’un petit fond artisanal de fabrication de confitures à Manosque et la création d’une conserverie familiale : les Conserveries de Haute-Provence. Son activité se décline alors autour de produits sucrés et salés d’inspiration provençale : tapenade, taboulé, terrines, plats cuisinés et confitures. Tout y est fait à la main, de la préparation à l’étiquetage. Si la diffusion des produits est au début essentiellement locale, son dirigeant, Yves Faure, a l’ambition de dépasser les frontières de la Provence. « Notre volonté d’être largement diffusés était bien là dès le départ de l’aventure, mais nous avons avancé par paliers successifs, raconte-t-il. Nous n’avons pas eu la révélation du jour au lendemain d’une marque ou d’un produit. Au contraire, ce sont nos expériences et la qualité des relations tissées au fil des années avec la grande distribution qui nous ont progressivement conduits à privilégier l’activité d’épicerie sucrée et la transformation du fruit : confitures bien sûr, mais aussi compotes, confits et fruits au sirop. »

La naissance d’une marque

Cette stratégie aboutit au début des années 1990 à la naissance de la marque Les Comtes de Provence. « Sa création coïncidait avec la volonté de nous positionner sur des produits naturels haut de gamme et de fonder cette démarche sur un territoire et une histoire, explique Yves Faure. Or, il se trouve que la commune de Peyruis, où nous nous sommes installés en 1989, est voisine de Forcalquier, l’un des châteaux des Comtes de Provence au Moyen Âge. » Au nom est associé un logo que l’on trouve sur tous les produits de la marque : le blason jaune et rouge de la Provence surmonté d’une couronne comtale, flanqué d’un château fort et d’un gonfalon souligné par une citation latine. Dès lors, la PME consacre tous ses efforts au développement commercial de sa marque. Contrairement à beaucoup d’autres acteurs du secteur agro-alimentaire, elle fait le choix de ne pas lancer de marque distributeur. L’objectif est de capter des consommateurs susceptibles de privilégier les produits hauts de gamme (en moyenne, la confiture Les Comtes de Provence est plus chère d’un euro que le leader du marché français), tout en augmentant le portefeuille clients en travaillant avec tous les acteurs de la grande distribution (supers et hypermarchés) : d’abord en France, puis à l’étranger à partir de 2009.

Un développement centré sur la qualité…

Pour cela, la manufacture provençale s’appuie sur une démarche de qualité reposant en grande partie sur son savoir-faire traditionnel. Si toutes les procédures d’empotage, d’étiquetage et de conditionnement sont robotisées en raison des volumes produits, l’étape de la cuisson au chaudron, propre à chaque recette, fait toujours l’objet d’un savoir-faire manuel. Sur ses quarante salariés, trente sont dédiés à la production. Cette particularité ainsi que le développement de machines et d’un process technique spécifique lui ont valu l’attribution du label « Entreprise du Patrimoine Vivant » décerné par l’État. Un véritable atout aussi bien en France qu’à l’export qui représente aujourd’hui 20 % du chiffre d’affaires de l’entreprise. « Nous poursuivons à l’étranger la même stratégie de large distribution qu’en France et sommes actuellement présents dans 26 pays à travers le monde. Il est évident que de proposer un produit français, identifié comme provençal, joue en notre faveur sur les marchés étrangers, commente Yves Faure. Sur le marché intérieur, nous sommes en revanche plus portés par notre production bio qui représente actuellement 50 % de nos volumes. » Enfin, cette production est complétée par de nombreux partenariats avec des industriels des secteurs agro-alimentaire et cosmétique, pour lesquels la PME réalise des préparations et ingrédients à base de fruits transformés. Une activité qui représente aujourd’hui 15 % de son chiffre d’affaires et qui tend à augmenter ; d’où la nécessité d’être novateur.

… Et l’innovation

« Sur un marché aussi traditionnel que le nôtre, nous devons nous distinguer par les nouveautés et l’innovation », assure le dirigeant de l’entreprise. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle celle-ci change de dénomination sociale au début des années 2000 lorsque les Conserveries de Haute-Provence deviennent AGRO’NOVAE. Un nom qui traduit l’ambition de la manufacture à se transformer : « Nous consacrons 3 % de notre chiffre d’affaires à des programmes de recherche. Le dernier, monté par le pôle de compétitivité Terralia, compte quatre autres entreprises et deux laboratoires de recherche, dont l’INRA. Il nous permet de travailler sur le traitement des fruits avant qu’ils soient cuisinés, avec l’objectif d’optimiser leurs arômes naturels. L’autre axe d’innovation porte sur nos équipements, tous spécialement conçus pour notre activité. Cette particularité nous permet de nous différencier ».
À ce titre, Yves Faure souligne l’importance du soutien apporté par l’INPI : « L’institut accompagne très fortement les PME comme la nôtre dans leur développement, à travers l’utilisation et la valorisation de la propriété intellectuelle. Depuis quelques années, l’INPI est devenu très proactif dans ce domaine et nous propose régulièrement des rendez-vous d’information ou de formation. Il nous aide notamment dans la conception de notre stratégie de marques. Nous avons donc très régulièrement des contacts avec ses équipes régionales ».