LIM Group galope vers les sommets

Faire de son hobby le cœur de sa vie professionnelle : beaucoup de gens en rêvent, Laurent Duray l’a fait. « La passion du cheval a dicté tous mes choix professionnels » explique le fondateur de LIM Group. À 17 ans, ce cavalier amateur décide de suivre une formation de sellier. En créant la sellerie CWD en 1998, il marie son amour de l’équitation, son goût pour le travail du cuir et son intérêt pour l’entrepreneuriat. « Malgré les difficultés inhérentes à la vie d’une entreprise, j’ai l’impression de vivre tous les jours un conte de fées », raconte-t-il, plus de vingt ans après ses débuts. CWD s’est développée à vitesse grand V. En 2013, elle a absorbé son concurrent Devoucoux. L’ensemble a été rebaptisé LIM, pour « Leather in motion ».
Ce succès repose en partie sur une politique d’innovation permanente. « L’innovation fait partie des valeurs de notre entreprise, explique-t-il. Ce n’est pas un mot jeté sur le papier. Depuis le premier jour, notre stratégie est d’apporter des solutions nouvelles aux cavaliers, et de participer à leur performance. » Les cavaliers sont en effet une pierre centrale de l’édifice. Au fil des années, les équipes de CWD sont parvenues à convaincre les athlètes professionnels de tester leurs produits. Au quotidien, elles écoutent les remarques et prennent en compte les besoins exprimés. Résultat : aujourd’hui les quatre meilleurs cavaliers mondiaux montent avec des selles LIM.
Des orientations stratégiques fortes
Il faut dire que LIM n’a pas hésité à proposer des innovations de rupture. La première a consisté en la création d’un arçon en matériau composite, tranchant avec le bois et le métal jusqu’alors utilisés. « Cet arçon dynamique, proactif, s’adapte au dos du cheval, à l’effort, et est donc beaucoup plus performant », explique Laurent Duray. Il a fallu sept longues années de recherche et développement pour le mettre au point et sortir en 2012 cette selle révolutionnaire, baptisée 2Gs.
Autre illustration de cette politique d’innovation : la selle connectée, autrement dit l’intégration de composants électroniques à l’intérieur de l’objet. Une manière d’obtenir des informations complémentaires sur la qualité du galop, la longueur de la foulée, la symétrie du saut, l’impulsion, etc. Les premiers produits devraient être disponibles cet automne.
Une politique d’innovation collaborative
Pour mettre au point ces innovations, la société s’est dotée d’une équipe R&D, qui compte aujourd’hui onze collaborateurs. Elle intègre régulièrement des thésards et désormais des data scientists. De nombreux partenariats avec l’univers académique ont également été mis en place : laboratoires de mathématiques appliquées et de biomécanique à Lyon, École vétérinaire de Maison Alfort, UTC de Compiègne, etc. Un laboratoire commun public/privé a également été créé avec le CIRALE (Centre d’imagerie et de recherche sur les affections locomotrices équines), le plus grand centre d’imagerie équine d’Europe, avec pour objectifs la prévention et le traitement de troubles moteurs et la gestion de la performance et du bien-être du cheval. Enfin, des accords avec des start-up ont été signés pour bénéficier de leur expertise dans certains domaines spécifiques comme la physiologie.
Une stratégie de protection adaptée
Pour comprendre les enjeux de propriété industrielle et élaborer une stratégie en la matière, les équipes ont suivi des Master Class INPI. « Nous avons choisi de ne protéger que des points très spécifiques, essentiellement nos innovations de rupture, explique Laurent Duray. Comme le monde du sport évolue très vite, notre enjeu principal est de rester dans le bon rythme sur le marché. » La société compte cinq brevets à son portefeuille. Peu soumise à la contrefaçon ou à la concurrence de gros mastodontes, elle s’appuie avant tout sur une agilité et une adaptation permanente au marché pour pouvoir rester compétitive. « En revanche, nous protégeons systématiquement toutes nos marques et tous nos dessins, car nous fonctionnons avec une logique de collection pour les selles », poursuit-il.
Comme la politique d’innovation est collaborative, la stratégie de propriété industrielle prend en compte les intérêts de chaque partie. « Nous optons très souvent pour la copropriété de brevets, avec des variantes. Par exemple pour notre partenariat le CIRALE, nous avons l’exclusivité d’exploitation dans le domaine de la selle ; le CIRALE a l’exclusivité des publications scientifiques ; et des royalties sont versées par les deux parties au laboratoire. Avec les start-up, nous misons davantage sur le préfinancement, et attendons un remboursement à plus long terme par royalties. Avec un industriel classique, nous nous positionnons sur du partage de valeur » explique Laurent Duray. Cette stratégie s’étend à l’international, principal enjeu de développement du groupe aujourd’hui. LIM a d’ailleurs levé neuf millions d’euros l’année dernière avec cet objectif en tête.