Vis ma vie de chargée d’affaires en propriété industrielle

Rencontre avec Virginie Afonso, chargée d’affaires en propriété industrielle à la Direction de l’action économique.

Quel a été ton parcours, notamment depuis ton arrivée à l’INPI, avant d’occuper ton poste actuel ?

Virginie Afonso : J’ai suivi des études de droit et me suis spécialisée en troisième cycle en propriété industrielle (PI). Suite à cette formation juridique, j’ai intégré un cabinet de conseil en PI, dans lequel j’ai réalisé mon stage de fin d’études puis ai été embauchée. J’y suis restée six ans. Cette expérience m’a permis d’avoir une large vision de la PI et de travailler sur des sujets transversaux, concernant aussi bien les marques, dessins et modèles que les brevets.

J’ai intégré l’INPI en janvier 2009 en tant que juriste au service « opposition » des marques. Pendant les six premiers mois j’ai été formée et j’ai travaillé en binôme avec un juriste plus expérimenté.
Ça m’a tout de suite plu. J’avais mes propres dossiers, des responsabilités, de l’autonomie et la confiance de ma hiérarchie.

Après six ans en tant que juriste, j’ai postulé en interne pour devenir chargée d’affaires PI. Mon expérience en cabinet, couplée à mon expérience de la procédure d’opposition des marques à l’INPI, m’apportait une connaissance approfondie et polyvalente. Je pouvais être opérationnelle tout de suite sur tous les sujets de la propriété industrielle.


Quel est le rôle d’une chargée d’affaires PI ? Explique-nous en quoi consiste ton métier ?

V. A : Le rôle du chargé d’affaires PI est d’aller à la rencontre des entreprises pour les aider à réfléchir et à mettre en place leur propre stratégie en propriété industrielle.

L’objectif est de les éclairer sur l’importance de la PI et de les accompagner dans une démarche d’intégration du sujet dans leur stratégie globale. L’idée est de leur faire comprendre que la propriété industrielle ne doit pas être considérée uniquement comme un coût ou une formalité juridique, mais comme un actif valorisable et central pour celles qui innovent.

Pour cela, nous rencontrons les entreprises à l’occasion de salons, d’événements partenaires (Bpifrance, Business France, les Chambres de commerce et d’industrie, l’AFNOR…), ou encore au sein des structures d’innovation comme les incubateurs.

Pour certaines des entreprises rencontrées il s’agit d’un premier pas vers la propriété intellectuelle. Pour d’autres, qui ont déjà une pratique, l’enjeu est d’installer le sujet PI de façon durable et partagée au sein de la structure.

L'accompagnement commence par une  visite en entreprise pour rencontrer ses équipes et découvrir son innovation, son nouveau projet ainsi que sa stratégie globale. C’est également au cours de cette première visite que nous identifions ensemble  les briques innovantes qui génèrent de la propriété industrielle dans le projet. Nous cherchons alors avec l’entreprise comment les protéger et exploiter les titres de PI pour créer de la valeur. Cette rencontre me permet d’élaborer pour l’entreprise une première feuille de route, mentionnant les actions et outils à mettre en place en fonction de son profil et de ses besoins.


A quoi ressemble une journée de travail type ? Te déplaces-tu beaucoup ?

V. A : Il n’y a pas de journée type. La structure est souple, chaque chargé d’affaires PI organise son quotidien.

Dans l’idéal, j’ai plusieurs visites d’entreprises par semaine. A la suite de ces rendez-vous, je prépare un plan d’actions concret et précis avec les prochaines étapes, que j’envoie à l’entreprise.

Je prends part à des salons spécialisés (Salon des Entrepreneurs, Viva Technology…) et à des évènements partenaires, soit en donnant des conférences dans un but de sensibilisation, soit en recevant des entreprises en personne pour leur apporter des réponses concrètes. Dans ce cadre, je participe régulièrement aux programmes d’accompagnement de nos partenaires Bpifrance et  Business France. J’effectue également des permanences dans des structures d’accompagnement comme les incubateurs, où je reçois des start-up et des PME. J’interviens enfin dans des formations délivrées par l’INPI, telle que la formation en stratégie Master class PI.  

L’idée est à chaque fois de faire des interventions sur-mesure, adaptées au domaine technique et au profil des entreprises auxquelles je m’adresse. Cela demande un travail de recherche, d’investigation et de préparation très intéressant.

Outre les missions de terrain, être chargé d’affaires c’est aussi bien sûr des envois d’emails, de la rédaction de compte-rendu de visite et de plans d’action, des préparations de supports de présentation, des mises à jour de la base de données clients...


Peux-tu nous décrire tes interactions internes, externes, nationales, internationales … ?

V. A : En interne, même si je suis très autonome, je travaille aussi en équipe. J’interviens souvent en binôme sur des évènements et ateliers. En effet, en fonction de nos compétences respectives, l’expertise d’un collègue peut permettre de compléter la mienne et ainsi offrir une information plus complète à nos interlocuteurs.

Nous faisons également des rendez-vous entreprises en binôme avec des ingénieurs brevets, si possible de la spécialité technique de l’entreprise, pour apporter des réponses complètes et précises aux problématiques rencontrées par les dirigeants en matière de propriété industrielle.

En externe, je travaille avec des incubateurs, des chambres de commerce, des partenaires publics,  des responsables d’agglomération, mais aussi avec des conseils et avocats en PI.

A l’international, nous travaillons avec les experts internationaux INPI, présents dans dix zones géographiques partout dans le monde, mais aussi avec  les experts internationaux Bpifrance ou Business France, selon les problématiques des entreprises que nous accompagnons.

Et bien sûr, nous travaillons avec les entreprises : les chefs d’entreprise, les ingénieurs R&D, les juristes, le service RH … Il y a une très grande diversité dans les profils que nous rencontrons : du startupeur, au médecin qui a développé une technologie innovante.


Qu’est-ce qui te plait le plus dans ton métier ?

V. A : Chargé d’affaires est un métier très vivant. Je rencontre de nouvelles personnes quasi quotidiennement. Des gens passionnés et passionnants, qui sont dans une démarche de création et d’innovation. J’accompagne des entreprises de toute taille : PME, start-up, ETI … et qui viennent d’horizons très différents. 

Les relations que nous entretenons avec les entreprises sont par ailleurs excellentes. Leurs retours sont positifs, une confiance réciproque s’installe, car l’INPI est un service public et ne poursuit pas d’objectifs financiers. C’est très agréable de travailler dans ces conditions.

J’apprécie aussi particulièrement le fait que ce poste permette beaucoup d’autonomie, dans l’organisation de mes journées et dans le contenu de mes supports. Je peux toujours me réinventer et creuser un nouveau sujet pour avoir une expertise nouvelle.


Quelles sont, d’après-toi, les qualités qu’il faut pour ce métier ?

V. A : Pour être chargé d’affaires, il faut d’après moi aimer les interactions, les échanges, la communication. Il faut être prêt à sortir de sa zone de confort aussi, être à l’aise avec la prise de parole en public et savoir construire un argumentaire.

La rigueur et l’autonomie sont des atouts indispensables pour gérer son emploi du temps en toute indépendance. La curiosité est également essentielle : il est important de poser des questions aux entreprises, d’aller chercher les informations et de s’intéresser aux nouveautés et actualités pour pouvoir se réinventer.

Enfin, il faut savoir reconnaitre qu’il y a parfois des gens plus experts et compétents que soi sur un sujet, et ne pas hésiter à les associer à notre  travail.


A quoi ressemblent l’ambiance et la vie à l’INPI (sur ton temps de travail et en dehors) ? Quelles sont les relations au sein de l’équipe et avec ton manager ?

V. A : Travailler à l’INPI comporte de nombreux avantages.

Je peux gérer mon temps et bénéficier de télétravail. Les horaires sont flexibles, ce qui permet d’avoir un bon équilibre avec sa vie privée, même si bien sûr nous avons des objectifs de visites d’entreprises qu’il faut respecter.

Entre collègues, il y a une bonne entente, nous sommes toujours prêts à nous rendre service les uns les autres. Et notre manager nous accorde une grande confiance.

Enfin l’ASCPI (Association Sportive et Culturelle de la Propriété Industrielle) propose de nombreuses activités à tarif préférentiel, à l’INPI et en dehors. Je profite principalement des places de spectacle et de cinéma.