« Nos brevets sont une assurance contre des concurrents qui souhaiteraient nous imiter »

Dans notre série sur le rôle de la propriété intellectuelle dans la croissance des start-up, rencontre avec Partnering Robotics, créée en 2007, qui conçoit et développe des robots anti-pollution au service du bien-être et de l’efficacité énergétique. Ramesh Caussy en est le fondateur.

Comment pourriez-vous définir votre stratégie d’innovation ?
Ramesh Caussy : Je suis avant tout un chercheur. En tant que spécialiste de l’innovation technologique et des business models, j’ai mis au point un modèle de stratégie pour faire émerger de nouvelles industries technologiques en France. La réindustrialisation des territoires français est un point qui me tient particulièrement à cœur. D’une certaine manière, j’ai créé mon entreprise pour prouver que ma vision et mon modèle étaient bons ! Pour moi, l’innovation naît lorsque l’architecture des connaissances issues de différentes disciplines se confronte à la réalité. Dans mon domaine d’activité, il s’agit de connaissances aussi bien en IA (intelligence artificielle, NDLR), mécatronique, informatique ou électronique qu’en sociologie ou psychologie, sans oublier les business models ou la finance. Concrètement, au lieu de créer des objets qui deviendraient rapidement obsolescents, surtout dans mon secteur, j’ai imaginé une plateforme technologique qui puisse générer des lignées de produits. Notre robot Diya One est la première illustration de cette plateforme. On y trouve des couches successives de services : purification de l’air, surveillance, et bientôt, bien-être pour les salariés en entreprise.

Quelle est votre politique en matière de propriété industrielle ?
R. C. : Nous avons adopté une stratégie offensive. Chaque fois que nous développons un produit ou un service, nous essayons de le protéger le plus en amont possible. Nous avons ainsi effectué six demandes de brevets concernant la capacité de navigation du robot, le calibrage des capteurs, les services opérés, la gestion des flux énergétiques et le docking (l’amarrage à la station rechargeable, NDLR). Nous avons également déposé des dessins et modèles, et enfin nos marques. Grâce à notre deuxième levée de fonds, nous devrions pouvoir étendre le périmètre géographique de cette protection en dehors de la France.

En quoi cette stratégie en matière de propriété industrielle est-elle un levier de croissance pour votre entreprise ?
R. C. : Lorsque nous protégeons nos designs (modèle ou brique technologique), c’est avant tout pour bloquer la capacité des personnes à nous copier. De la même façon, avoir des brevets nous procure une assurance contre des concurrents qui souhaiteraient nous imiter, même si nous n’avons pas été pour l’instant directement confrontés à des tentatives de contrefaçon. Dans un premier temps, notre stratégie vise donc d’abord la protection de l’entreprise. Dans un second temps, elle pourrait aussi être un moyen de valoriser nos innovations. Nous envisageons par exemple de proposer une licence à des industriels désireux d’acquérir une brique technologie de nos robots. Dans ce cas, la stratégie de propriété industrielle permettrait de toucher des revenus.