Trois questions à Charlotte Beaumatin, conseillère INPI aux Etats-Unis

Fort de son réseau national et international, l’INPI accompagne les entreprises dans leur stratégie de propriété intellectuelle. Charlotte Beaumatin, conseillère INPI, basée à l’Ambassade de France aux Etats-Unis, soutient les entreprises françaises qui souhaitent développer leurs activités ou qui rencontrent des problématiques de litiges sur le marché américain. Voici ses préconisations pour les start-up françaises.

Quel est le rôle du réseau de l’INPI à l’international ?

Charlotte Beaumatin : Le rôle du réseau des conseillers INPI à l’international est de créer un relai entre les entreprises françaises et les pays dans lesquels ils souhaitent développer leurs activités économiques. Les conseillers ont pour rôle d’informer les entreprises sur les spécificités de la propriété industrielle dans leur zone géographique, et de mettre en lumière les différences avec la France. Ils aident également les entreprises dans leurs relations avec les administrations des pays étrangers et mettent leur réseau à disposition. Notre connaissance fine du terrain, notre expérience et les relais que nous avons développés, sont autant d’outils que nous mettons au service des entreprises, afin qu’elles puissent faire leurs choix stratégiques en matière de propriété industrielle. Elles gagnent du temps et de l’argent, évitent des erreurs, et appréhendent ainsi mieux leur développement à l’international.

Quel accompagnement proposes-tu aux start-up françaises qui souhaitent se développer aux Etats-Unis ?

C.B.  : Mon rôle au quotidien est d’expliquer aux start-up comment la propriété industrielle fonctionne aux Etats-Unis, ce qui diffère, et ce qui peut coûter très cher. Je les informe de deux façons. Soit de manière groupée, lors d’ateliers ou de conférences de sensibilisation, à l’occasion des programmes soutenus par Business France ou de business week organisées par les chambres de commerce franco-américaines, par exemple. Soit je réponds de façon ponctuelle, individuelle, souvent en entretien téléphonique. Ces échanges sont l’occasion de décrypter les besoins de la start-up, et ainsi lui permettre de faire des choix éclairés et de l’orienter vers un avocat si nécessaire.

Quel est ton conseil aux start-up françaises désireuses de se développer aux US ?

C.B.  : Je leur conseille de ne pas hésiter à avoir recours à un professionnel de la propriété industrielle. Aux Etats-Unis, l’environnement économique est particulièrement concurrentiel, être accompagné par un avocat est indispensable. Les start-up françaises considèrent souvent cette démarche comme une dépense, alors que les entreprises américaines la voient comme un investissement nécessaire, qui sera valorisé à moyen terme.
Les procédures françaises et américaines en matière de propriété industrielle ne sont pas identiques. Il ne suffit pas de traduire un brevet français ou européen pour qu’il soit validé aux Etats-Unis. L’appréciation des examinateurs, la façon de présenter sa demande et les critères de brevetabilité sont différents.
On me dit souvent « les honoraires des avocats américains sont hors de prix ». Mais aux Etats-Unis, un procès en matière de propriété intellectuelle coûte en moyenne 1 million de dollars, alors qu’un entretien téléphonique avec un avocat coûte environ 500 dollars. Refuser d’investir un minimum en propriété industrielle peut coûter très cher a posteriori, et peut même empêcher une entreprise de s’implanter. Etre préparé, conseillé et protégé en amont, est une condition nécessaire pour survivre, lever des fonds plus facilement et croître dans un environnement concurrentiel et très au fait des questions de propriété industrielle. Aux Etats-Unis la propriété industrielle est une véritable arme à la fois défensive et offensive donc mon conseil aux start-up : venez, mais venez bien armés !