CANIBAL : Nominé Trophées 2015

Le levier le plus puissant du changement c’est le plaisir, pas la contrainte
Benoît Paget, président de CANIBAL

Canibal est la contraction de Canette et de mise en Balle – technique de compactage nécessaire au recyclage. Un nom de marque fort et mémorisable dont se félicite son président Benoît Paget. Il le dit d’autant plus modestement qu’il le doit à deux étudiantes de l’école de commerce EMLYON à l’origine du projet initial : des machines ludiques de collecte de canettes financées par la publicité.

La marque et ses produits sont rachetés et revendus par des grands groupes avant d’arriver sur le bureau de Benoît Pagel et son associé qui sont alors à la tête d’une régie publicitaire. Ils refusent de s’occuper de l’espace publicitaire que représente les machines Canibal : ce qui les intéresse, c’est le concept entier ! « C’était une idée géniale et qui donnait enfin une finalité à la publicité : financer le recyclage ! » raconte Benoît Paget. Ils rachètent alors l’entreprise pour un euro symbolique et vont passer cinq ans de R&D à l’améliorer.

Des médias dédiés à la RSE

Quelques données leur apprennent vite que récolter des canettes n’est pas suffisant : elles ne représentent qu’un huitième des huit milliards de déchets générés par les boissons consommées hors domicile. Les bouteilles en plastique comptent pour deux milliards, les cinq restants sont des gobelets. Or, dans le circuit classique, seulement 60% des canettes sont recyclées, 20% des bouteilles et aucun gobelet !

Après cinq années de R&D, de prototypage, de bêta-tests et d’industrialisation, Canibal propose maintenant des bornes intelligentes qui savent reconnaître, trier et compacter les trois types de déchets en grande quantité. Elles permettent 100% de recyclage sur une filière circulaire courte entre la collecte et le traitement. La dimension connectée des machines, reliées à une plateforme, permet d’intervenir à distance, de récolter des data pertinentes et ceci en réalisant des économies carbone. C’est aussi via la plateforme que sont gérés les informations et messages délivrés par les machines. C’est l’autre caractéristique fondamentale de Canibal : « Ce sont des bornes interactives, digitales et ludiques qui permettent de faire de la pédagogie sans culpabiliser les utilisateurs. En fait, ce sont quasiment des médias dédiés à la RSE [Responsabilité Sociale des Entreprises] ».

Au-delà de la partie ludique – une loterie qui permet de récompenser l’utilisateur –, les machines Canibal peuvent aussi délivrer des messages pédagogiques, toujours de manière légère et amusante : « Le levier le plus puissant du changement c’est le plaisir, pas la contrainte » est persuadé Benoît Paget.

L’entreprise gennevilloise vient de fabriquer industriellement et de livrer 120 machines Canibal nouvelle génération à des grandes entreprises comme Vinci, L’Oréal, Saint-Gobain ou Pepsi. La fabrication des 100 suivantes est en cours. À partir de 2016, elles pourront aussi équiper des espaces publics.

Au-delà du marché français, Canibal est en discussion sur trois secteurs majeurs : le Brésil dans le cadre des J.O. de Rio, les Etats-Unis où la consommation de boissons hors domicile est gigantesque et enfin le Japon où rien qu’à Tokyo on trouve 1 million de distributeurs (contre 600 000 dans toute la France). Le Président de Canibal est confiant pour l’avenir : « nous sommes une jeune marque, nous avons pour l’instant déployé peu de machines et pourtant nous sommes déjà pas mal connus. Plus ça va, plus on fait nos preuves, et plus on fait nos preuves, plus c’est facile de se développer ».

La voie du plaisir

Si la dimension technique des machines n’est pas en reste avec leur brevet, quand on lui parle d’innovation, Benoît Paget répond design thinking : « nous faisons d’un éco-geste, un geste ludique. La voie du plaisir et du jeu fonctionne très bien pour éduquer les gens ».